Le célèbre musicien Moby, connu pour le tube comme Troubles so hard, s’est engagée pour la cause végane et défend les espèces animales.

Initialement publié le 22 mars 2019, ce papier a été reprogrammé par la rédaction en ces temps de confinement et de réflexion sur la vie d’après.

les couvertures du Zéphyr

Le musicien new-yorkais Moby a mis sa notoriété et son argent au service de la protection animale. Une cause qu’il défend depuis son adolescence.

L’artiste-compositeur-producteur a sorti l’album Everything Was beautiful and nothing hurt, au printemps 2018, et a promis de reverser l’intégralité de ses bénéfices aux associations de défense des animaux. Le musicien quinquagénaire né en 1965 en a profité pour donner une interview fleuve au magazine Rolling Stone, dans laquelle il dévoile les raisons de ce changement radical.

Tucker

Moby, de son vrai nom Richard Melville Hall, a grandi à Harlem, à New-York, entouré de chiens, de chats, de souris, de gerbilles, d’un hamster, d’iguanes et même un d’un… serpent.

Son favori ? Tucker. Un félin abandonné et recueilli par Moby et sa mère à l’âge de 10 ans. C’est son amitié pour lui qui va conduire l’adolescent à devenir végétarien. Nous sommes en 1985, et le musicien vient de lâcher la fac à 19 ans. Il bosse au Beat, un club de Port Chester près de New York. « Nous étions [Tucker et moi] tous les deux au soleil, raconte-t-il. Je me suis dit : ‘J’aime ce chat, je ferais n’importe quoi pour le protéger et le rendre heureux. Il a quatre jambes, deux yeux et un cerveau. Alors, pourquoi vais-je manger d’autres animaux qui ont eux aussi des pattes, deux yeux et un cerveau ? C’est comme ça que je suis devenu végétarien.’ »

Deux ans plus tard, le mélodiste décide d’aller plus loin et devient végétalien. « J’ai grandi en mangeant de la merde… mais j’ai aussi grandi en aimant les animaux, raconte-t-il à Rolling Stones. Et je ne voulais plus contribuer à la souffrance des animaux. Or, produire du lait et des œufs cause de nombreuses souffrances aux vaches et aux poules. J’ai compris que les animaux avaient des émotions. Et devenir végan était pour moi la seule façon de vivre en accord avec ce que je pense. »

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« The end of every thing »

A partir de ce moment, Moby devient un véritable activiste de la cause animale. En privé, sa ferveur lui fait même perdre des amis : « J’ai eu une période de végan insupportable. Je criais sur mes proches quand je les voyais manger de la viande. » Assez vite, il réalise que cette attitude – en plus d’en faire un paria – desservait sa cause. Il prend alors conscience que « la meilleure façon de convaincre les gens, c’est de leur parler avec respect ».

Plutôt que par le débat, Moby va chercher à faire passer son message à travers les émotions. « Il y a beaucoup de manières de convaincre les gens qui mangent de la viande. On peut leur dire : saviez-vous que l’exploitation animale contribue au changement climatique ? Ou leur poser cette question. Pourriez-vous regarder un petit veau dans ses yeux et lui dire : mon appétit est plus important que ta souffrance ? », explique l’artiste en présentant son essai The end of everything, publié en 1996.

The end of everything, c’est aussi le titre de son premier album engagé, dans lequel on trouve la chanson Animal Sight (Le point de vue de l’animal).

A partir de là, Moby ne cessera de transmettre son message à travers sa musique, qui, au fil du temps, s’assombrit et se durcit à l’image de son regard sur le monde actuel.

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Almost Home

Ainsi, Moby réalise, en 2005, la bande originale du film Earthlings, un docu choc de Shaun Monson sur l’exploitation animale.

Trois ans plus tard, il profite de la sortie de son album Last Night, pour diffuser un clip racontant la vengeance d’un poussin contre l’inventeur du KFC sur la musique de Disco Lies.

De la même manière, en 2013, il tourne un clip spécial pour sa chanson Almost Home, dans un refuge d’animaux abandonnés.

En 2017, il va plus loin, en diffusant un clip (sous le titre A simple love) composé d’images d’animaux dans des abattoirs filmées par des activistes végans et le message suivant It’s not food, it’s violence (ce n’est pas de la nourriture, c’est de la violence).

En 2015, le musicien a même ouvert un restaurant végan à Los Angeles : le Little Pine, où on peut le croiser en toute simplicité.

La malbouffe : sa nouvelle obsession

Son objectif : que la majorité de la population soit végane d’ici 2070. Il a lancé sa bataille contre la malbouffe dans une tribune, publiée 9 avril 2018 par le Wall Street Journal.

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Le musicien y dénonce le programme américain d’aide nutritionnelle (SNAP) qui distribue chaque mois plus de 40 millions de bons alimentaires aux Américains victimes de la pauvreté (soit 15% de la population). « Les bons alimentaires ne devraient pas payer la malbouffe », écrit l’ex-star de l’électro, encourageant les bénéficiaires du SNAP à privilégier la consommation de produits frais, de fruits et de légumes, plutôt que des aliments transformés. Des conseils jugés méprisants par beaucoup… Peut-être parce qu’ils viennent d’un homme qui a bénéficié du système du SNAP dans son enfance.

Mais, au-delà des polémiques, il poursuit son action, appelant les Américains à se délivrer de la junk food. Pour y parvenir, son conseil est « d’aller à son rythme. Il vaut mieux monter les escaliers à votre rythme plutôt que de courir un marathon ». / Valérie Pol