A Paris, au Jardin des Plantes, les corneilles reconnaissent l’ornithologue qui les bague et crient pour alerter les autres du danger imminent.
Depuis plusieurs années, Frédéric Jiguet, du Muséum national d’Histoire naturelle, bague les corneilles noires du Jardin des Plantes à Paris, on en parlait dans le numéro consacré au silence des oiseaux (opus qui a cartonné). Son objectif est de les suivre, pour mieux comprendre leur comportement et leur mode de vie (et assurer une meilleure cohabitation entre humains et non-humains).
Effaroucher les corneilles
Or, quand l’ornithologue arrive avec son matériel, certaines corneilles « loquaces poussent des cris de mécontentement », rapporte-t-il. Des adultes ont fini par le reconnaître… « même de loin ». Alors elles préviennent les autres du danger imminent et sonnent l’alerte. Les oiseaux présents s’envolent aussitôt.
Frédéric Jiguet a commencé à enregistrer ces cris, ils sont « particulièrement hauts en fréquence, monotones, forts et appuyés« . Il veut « obtenir les meilleurs exemples (dans le but de) tester leur efficacité pour effaroucher les corneilles qui fréquentent les semis agricoles au printemps« .
Le scientifique s’interroge : « Si les cris des corneilles qui me dénoncent sont suffisamment génériques, ils feront peut-être déguerpir les corneilles, et peut-être même les corbeaux freux et les choucas, qui arrachent les semences et les semis dans les champs ? » Il a peut-être trouvé une piste pour les agriculteurs agacés de voir que des corvidés « piquent » les graines dans la terre. Affaire à suivre.
Pour l’heure, beaucoup de corneilles sont tuées chaque année. Les abattre ne sert à rien : si la ressource alimentaire est là, alors un oiseau viendra toujours… / Philippe Lesaffre
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