TRIBUNE – Le Zéphyr propose des cartes blanches aux citoyens qui se mobilisent au quotidien pour le vivant, des scientifiques qui parlent de leur recherche, des membres d’associations, de fondations ou des artistes qui s’expriment sur leur engagement.

Crise démocratique, crise du vivant… L’heure est grave, et nous devons nous emparer de ces sujets souvent zappés, et les mettre sur le devant de la scène médiatique. Il y a urgence, affirme Gaëlle Cloarec, journaliste et cofondatrice du média Qui Vive. « Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. »

L’équipe de Qui Vive a lancé une campagne de financement participatif afin de démarrer l’aventure.

les couvertures du Zéphyr

« J’aurais bien voulu que cela n’eût pas à se passer de mon temps, dit Frodo.

Moi aussi, dit Gandalf, comme tous ceux qui vivent pour voir de tels temps. Mais la décision ne leur appartient pas. Tout ce que nous avons à décider, c’est ce que nous devons faire du temps qui nous est imparti. »

J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux (tome 1 : La communauté de l’anneau)

– « Il y a du bon dans ce monde et cela vaut la peine de se battre pour. »

Sam Gamegie, dans Les deux tours (adaptation du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson, 2e film de la trilogie)

En ces temps d’effondrement de la biodiversité, de la justice sociale et climatique, on ne peut pas dire que ces priorités absolues soient correctement couvertes par les médias. On ne peut pas le dire, parce qu’une bonne partie de l’information est désormais aux mains de milliardaires, dont l’intérêt, au sens propre comme au figuré, est ailleurs.

De grands titres comme Le Monde, Libération ou Médiapart ont des journalistes spécialisés, qui couvrent les questions environnementales de manière très sérieuse. Pour autant, leurs articles sont souvent noyés dans une masse d’informations traitant d’autres sujets. Il existe bien sûr des médias spécialisés en écologie, dont le travail est fondamental pour tous ceux qui voient la situation s’aggraver et cherchent à savoir où et comment se mobiliser.

Même les articles « tièdes » ont le mérite d’exister

Tous les journaux qui en parlent, même peu, même mal, ont le mérite d’exister. Au point d’urgence où nous en sommes, qui sait si un article même tiède ne peut pas être un point d’entrée vers une réflexion plus profonde, une prise de conscience, et l’envie de passer à l’action ?

Qui sait si un journaliste, en tombant sur une étude comme celle-ci, ne va pas être poussé à écrire à ce sujet, en pensant : « La façon dont nos produits chimiques imprègnent la terre, l’eau et tous les organismes vivants, bon sang, il faut que j’en informe mes lecteurs, eux aussi ont des enfants ; ils ont raison ces chercheurs, nous devons changer de paradigme » ?

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L’économie de marché va arriver à sa fin

Qui sait si au moins quelques-uns de ses lecteurs ne vont pas prendre l’information au sérieux et se dire que rien n’est inéluctable ? Sauf si personne ne réagit vigoureusement.

Au point de chauffe écologique où nous en sommes, l’économie de marché va de toute façon arriver à sa fin, et ceux qui cherchent à reculer l’échéance sont tentés de le faire brutalement. Ou de manière plus sournoise, en renforçant le déni, l’apathie chez autrui. Tout cela favorise les régimes autoritaires, désespérants.

« Drill, baby drill », clame Trump. Lula, alors que la COP30 se tient au Brésil, ouvre la voie aux forages à l’embouchure de l’Amazone. Sur tous les continents, on voit un nombre croissant de pays augmenter leurs dépenses d’armement, quitte à sacrifier sans vergogne les mesures relevant de l’urgence écologique ou sociale. En France, le budget de l’Éducation nationale n’est plus la priorité de l’État. Il est « désormais dépassé par la mission défense ». Les moyens mortifères de destruction prennent le pas sur les impératifs vitaux.

Alimenter les élans démocratiques et parler des forêts

Nous pourrions sombrer dans la dépression, il y a de quoi. Mais nous sommes en vie en ces temps étranges et durs. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Nous savons, de plus en plus clairement, à quoi consacrer notre énergie : alimenter les élans démocratiques, même tout petits, vacillants, complexes. Les fédérer. Sortir le plus possible des griffes du marché. Ramener les rivières, les forêts, la santé des écosystèmes et la nôtre en haut de nos priorités.

Comme le disent nos confrères de Reporterre, « pas d’action collective sans information libre ». Les médias ont leur rôle à jouer pour maintenir l’espoir. Mais seulement si l’indépendance et le pluralisme de la presse sont garantis. Cela aussi, c’est une biodiversité à défendre. / Gaëlle Cloarec (Qui Vive)

L’équipe de Qui Vive a lancé une campagne de financement participatif.

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