Chaque année, des milliers de corneilles sont tuées en France. Mais leur tirer dessus n’est pas la bonne solution. Tant qu’il y aura de la nourriture, il y aura des individus qui se serviront dans les champs.
L’ornithologue Frédéric Jiguet et le codeur Cyril Gantin ont publié en août une étude au sujet du comportement des corneilles dans la revue Scientific Reports. Ils ont examiné les mouvements et la dynamique sociale des jeunes corneilles capturées à Paris, grâce au suivi GPS de 80 individus organisé depuis 2020. Ils ont vu que les individus restaient avec leurs parents « jusqu’au mois de mars de l’année suivant leur éclosion » avant de se disperser entre avril et mai ici ou là, que ce soit en zones urbaines, périurbaines ou rurales. Les corvidés peuvent parcourir chaque jour presque 3 km.
Comme l’explique Frédéric Jiguet sur LinkedIn, « cette période de dispersion coïncide avec les semis de cultures sensibles comme le maïs et le tournesol, et des campagnes de destruction ». Chaque année, des milliers d’oiseaux sont abattus à la campagne. Car la corneille, qui vient consommer des graines plantées dans le sol, est considérée comme une espèce susceptible d’occasionner des dégâts » (ESOD) dans plusieurs départements.
Cohabiter avec les corneilles
Seulement, il ne sert à rien de vouloir supprimer des corneilles. La solution radicale ne règle rien et ne fait pas disparaître les dommages causés aux cultures. Tant qu’il y aura des ressources de nourriture sur les champs, des corneilles viendront se servir, et peu importe si on en tue.
« Il serait ainsi plus efficace de réduire la disponibilité alimentaire anthropique pour gérer les populations de corneilles en milieu urbain, périurbain et même rural », écrit le chercheur, auteur de Vivent les corneilles (Actes Sud, 2024). Il suit depuis des années les populations de corneilles au Jardin des Plantes à Paris. Il en a bagué un certain nombre en vue de mieux comprendre leurs comportements et ainsi de trouver des solutions pour améliorer la cohabitation. / Philippe Lesaffre
La rédaction a raconté cette histoire dans Le Zéphyr n°15 Le silence des oiseaux.
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