Prologue

Vous lisez l’édito du Zéphyr n°13 – Forêts : immensité fragile. Découvrez son sommaire, passez commande pour soutenir le média des aventures humaines. Lisez et offrez le magazine !

Il est urgent d’agir, et on regarde ailleurs, comme d’habitude. Oui, on joue la montre. La France s’est fixé comme objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050, mais on n’en prend pas le chemin, mais alors pas du tout. Le Haut Conseil pour le climat, instance indépendante, a tiré la sonnette d’alarme en début d’été 2022. Les chercheurs, aussi. Il faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Vite. Maintenant, pas demain. Et puis il convient de prendre soin des puits de carbone. Car ils nous permettent d’absorber les émissions résiduelles. C’est pas mal : en 2019, 7 % des émissions françaises ont été compensées ainsi. Merci qui ? 

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Merci les océans, merci les forêts qui sont d’une grande utilité. À l’échelle mondiale, pourtant, certains tournent le dos aux arbres, qu’on élimine à cause de projets immobiliers, surtout au profit de l’agriculture. Entre 1980 et 2000, au grand dam de leurs protecteurs, comme Francis Hallé (à lire dans ce numéro) 100 millions d’hectares de forêts tropicales ont été éliminés en Amérique latine en raison de l’augmentation de l’élevage ou de la culture de soja. En cause aussi, les plantations en Asie du sud-est pour l’huile de palme, qu’on consomme encore en masse dans nos contrées occidentales. 

Silence, ça coupe !

Les années ont passé, mais ça n’a pas changé. Business as usual, ça donne le vertige. La honte. Au Brésil, par exemple. Entre août 2020 et juillet 2021, plus de 13 000 km2 de forêts tropicales ont été rayés de la carte, d’après l’Institut national de recherches spatiales. Le président Bolsonaro s’en tape. Problème : cela conduit à des pertes des stocks de carbone forestier via la combustion et la décomposition des matières organiques… Les forêts sont en danger, et en Afrique aussi, dans le bassin du Congo.

Maladies infectieuses

Or, détruire ces arbres, c’est aussi abîmer des habitats, des refuges pour les espèces qui y vivent. Qui y trouvent de quoi subsister. Et qui nous rendent d’immenses services, en agissant telles des barrières naturelles. Serge Morand, écologue spécialiste des maladies infectieuses au CNRS et au Cirad indique, par exemple : Une accélération de la déforestation signifie une hausse des interactions entre la faune sauvage, qui est un réservoir de virus encore inconnus, et les activités humaines, notamment agricoles. Près de 50 % des zoonoses qui ont fait leur apparition depuis les années 1940 sont associées à l’agriculture. » Tout est dit.