Derrière les cartes postales et les jolies images, une guerre se joue à quelques mètres de profondeur. Une guerre pour la survie d’un écosystème menacé. Une guerre à laquelle assiste des passionnés de plongée sous-marine, et que ces derniers nous expliquent avec des mots dont ils continuent de découvrir le sens. 

Cet article est un extrait de l’entretien, publié dans Le Zéphyr n°12 – Au plus profond des océans. Découvrez son sommaire, passez commande pour soutenir le média des aventures humaines. Lisez et offrez le magazine !

Ils n’auraient jamais dû voir ça. Jamais. Les événements se sont accélérés. Le rythme des rejets en mer aussi. L’océan si cher aux plongeurs passionnés est désormais un champ de ruines et de débris hétéroclites. Michel est moniteur dans le sud de la France. La Méditerranée, c’est à la fois son propre berceau et son lieu de travail. 

À 53 ans, il pratique son « art », comme il le dit, depuis ses 14 ans. « À l’époque, le matos était un peu différent. Les bouteilles, l’éclairage, les accessoires. Ça n’avait rien à voir. On était plus près du Nautilus que des films de science-fiction. Mais on pouvait plonger et voir de belles choses », assure-t-il en inspectant son matériel. Toujours en activité, il officie désormais en Italie après des années de présence entre Marseille et Narbonne. Le plus important, selon lui, c’est de connaître son équipement. Savoir régler un débit d’air, c’est une chose. Réagir en cas de problème quand on a dix mètres d’eau au-dessus de la tête, c’en est une autre. 

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« J’ai vu la mer se dégrader depuis pas loin de trente ans »

Il insiste donc sur tous les aspects opérationnels d’une sortie en mer pendant plusieurs séances et s’assure que ses compagnons du jour ou de la semaine sauront se débrouiller quand l’heure sera venue de passer par-dessus bord. « J’ai vu des mecs se présenter avec une confiance de façade et ne pas être capables de me dire quels signes il faut faire pour donner tel ou tel message. Cette inexpérience est dangereuse aussi bien pour eux que pour moi. Si je dois aller en chercher un, les autres devront être autonomes. » 

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Dans sa tête, Michel a tout du pédagogue. C’est pour cela qu’il commence toujours par parler du métier et des techniques usuelles avant d’aborder le sujet qui fâche. « J’ai vu la mer se dégrader depuis pas loin de trente ans. C’est comme une vague sous les vagues. C’est une lame de fond qui emporte les poissons et les coraux. C’est dégueulasse », dit-il alors que son visage s’assombrit. 

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Cette vague sous la vague, c’est le flot de plastiques et de débris tout droit venus du continent. Charriés par les rivières et les fleuves ou, tout simplement, abandonnés par des visiteurs peu scrupuleux, ces objets finissent invariablement au fond de l’eau. S’opère ensuite une lente transformation. Les vagues, le courant, l’érosion sous-marine, les animaux… Tout cela contribue souvent à disloquer les morceaux en fragments. Des fragments qui, rappelons-le, finissent généralement dans l’estomac d’un poisson (et, par extension, dans le nôtre). /Jérémy Felkowski

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