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« La destruction de la richesse biologique à l’échelle mondiale, dont nous dépendons totalement, représente une menace sans précédent pour l’existence de la civilisation et pourrait même mettre en danger la survie de l’humanité. » Dans un article scientifique paru en 2022 (1), les chercheurs Rodolfo Dirzo, Gerardo Ceballos et Paul R. Ehrlich dressent un constat implacable de l’état de la planète. Leur texte a récemment été commenté par Bruno Villalba, professeur de science politique à AgroParisTech et membre du laboratoire CNRS Printemps.

Au-dessus du gouffre : extinction du vivant et responsabilité politique, de Bruno Villalba (Actes Sud, 2025)
Ce dernier explique dans son essai que « le déclin catastrophique du nombre et de la taille des populations d’espèces est réellement le produit des activités humaines ». Le même rappelle que « la fragmentation des territoires – liée aux aménagements du territoire, aux développements des infrastructures de transport, aux zonages pour la productivité des sols… – aboutit à la contraction de l’aire de répartition des espèces ». En cause, donc, « notre manière d’occuper nos espaces de vie, sur l’ensemble des continents et des océans ».
Une crise de la biodiversité sous-estimée
Problème : la destruction du vivant demeure « sous-estimée », estiment Dirzo, Ceballos et Ehrlich. La crise de la biodiversité semble zappée du débat politique et ne bénéficie presque pas de « présence médiatique », abonde en ce sens Bruno Villalba dans son petit ouvrage publié chez Actes Sud. Selon lui, le vivant « ne compte guère », et c’est une faute.
On ne peut malheureusement pas lui donner tort. Certes, beaucoup s’engagent et mènent la bataille, en participant par exemple à des plans nationaux d’actions qui conduisent à des succès, Le Zéphyr s’en fait l’écho. Certes, une prise de conscience citoyenne sur la santé des forêts et des végétaux se développe petit à petit (grâce à des militants infatigables), et on peut se féliciter de cet élan…
Mais il reste encore tant à faire pour rappeler au plus grand nombre et au personnel politique et économique que nous faisons partie du vivant… que nous sommes en train de détruire. Comment encourager les élus à se saisir de ces problématiques ? Il faut leur expliquer aussi que c’est l’ensemble des non-humains, et pas juste quelques espèces charismatiques et emblématiques, que nous avons à protéger face à l’expansion humaine.
Il ne devrait même pas être nécessaire de justifier leur protection. Cela devrait être une évidence. La faune et la flore sauvages n’ont pas besoin d’être considérées comme « utiles » à l’économie pour que nous prenions soin d’elles. / Philippe Lesaffre
- Leur article est paru en 2022 dans la revue scientifique Philosophical Transactions of the Royal Society B : Biological Sciences