Cyril MichelTRIBUNE – Le Zéphyr propose des cartes blanches aux citoyens qui se mobilisent au quotidien pour le vivant, des scientifiques qui parlent de leur recherche, des membres d’associations ou encore de fondations qui s’expriment sur leur engagement.
Cyril Michel, administrateur de la Société herpétologique de Touraine (SHT), à l’origine de SOS SERPENT, prend la plume pour défendre les reptiles et le vivant en général. Couleuvres et vipères, en France métropolitaine, « ne représentent aucun danger dans 99 % des cas », écrit l’herpétologue sur Le Zéphyr.
Fascination ou peur, vénération ou répulsion, adoration ou détestation… S’il y a bien des animaux qui ne laissent personne indifférent ce sont les serpents. La manière de les considérer varie beaucoup d’une personne à l’autre, même s’il est vrai qu’ils sont parfois diabolisés. Et ils ne sont pas mal aimés partout, ni par toutes et tous. Dans de nombreuses cultures à travers le monde et les siècles, chez nos ancêtres celtes ou romains pour ne citer qu’eux (entre autres), des peuples entiers leur attribuent des pouvoirs de protection, de médecine. Ils peuvent les considérer comme des gardiens de la sagesse ou de la vérité.
Les médecins, vétérinaires et pharmaciens en ont fait leur emblème, tant avec le caducée médical qu’avec la coupe d’Hygie, représentations sur lesquelles la merveilleuse couleuvre d’Esculape figure au centre, en résonance avec le dieu grec Asclépios. Le bâton d’Esculape est également associé au pouvoir de guérir toutes sortes de maladies. Tout comme chez les Égyptiens qui les vénéraient, la présence d’un serpent est souvent considérée comme une garantie de protection.
L’association de ces reptiles avec de nombreux attributs positifs est multiple, et très répandue : dans de nombreuses cultures et encore de nos jours, à travers les peuples, les cultes religieux ou les époques, ils ne sont pas toujours mal aimés, bien au contraire…
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Vipères non agressives
En France métropolitaine, la grande majorité des serpents sont des couleuvres sans crochet à venin et donc inoffensives. Même les vipères n’y sont pas agressives, car elles n’attaquent jamais à partir du moment où on les laisse tranquille. Elles ne font que, parfois, chercher à se défendre lorsqu’elles se sentent agressées.
La crainte du serpent venimeux dangereux y est largement exagérée. En effet, même en cas de morsure de la part d’un vipéridé français, il y a de très fortes chances qu’il n’y ait pas eu inoculation de venin (il reste toutefois indiqué en pareil cas de se faire conduire à l’hôpital pour être placé sous observation). Il n’y a eu d’ailleurs aucun décès pour cette raison depuis plus de dix ans en France métropolitaine, et les statistiques officielles indiquent que la probabilité de décéder d’une morsure envenimée n’y est que de 1 pour 1 000.
Alors qu’ils étaient autrefois présents partout, aujourd’hui et comme de trop nombreuses espèces animales, leurs populations sont en déclin, et même en chute libre. C’est la raison pour laquelle ils sont désormais tous strictement et intégralement protégés par la loi.
Éviter la disparition des serpents
lls jouent en effet un rôle fondamental dans la grande trame de la vie qu’on appelle biodiversité : tantôt proie, tantôt prédateur, et comme toutes les espèces végétales et animales de la Nature, ils font partie des grands équilibres qui nous entourent, ou plutôt qui nous constituent. Équilibres naturels essentiels, dont nous dépendons pleinement aussi, nous autres humains.
C’est pourquoi aujourd’hui, certaines personnes et organisations se mobilisent pour les protéger et éviter leur disparition, notamment avec le programme SOS SERPENT. Un programme de protection et de conservation qui vise à ce que cesse leur élimination quasi systématique par certaines personnes, et à faire disparaître le réflexe irrationnel du « coup de pelle » qui perdure encore par endroits.
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Car, en effet, il est tout à fait possible de cohabiter paisiblement avec ces précieux animaux, qui sont aussi superbes et passionnants dès lors qu’on prend le temps de les connaître. Via le programme SOS SERPENT, nous sensibilisons et voulons montrer qu’il est tout à fait possible de vivre à proximité de ces animaux et de les aider. Cela, en acceptant leur présence en liberté au sein de notre environnement proche. Puis en rendant le jardin accueillant dans le but d’offrir le gîte et le couvert à la flore et à la faune sauvage dans leur ensemble. Faire de son jardin un refuge conservatoire pour la vie sauvage revient à faire sa part. La biodiversité en a tellement besoin.
Magnifiques dès lors qu’on prend le temps de les observer, fascinants à partir du moment où on les connaît mieux, extraordinaires à tellement d’égards, les reptiles méritent notre respect.
Dans 99 % des situations, ils ne représentent aucun danger, pas plus que la mésange bleue ou le rouge-gorge que l’on admire posé tranquillement sur le rebord de la terrasse devant nous.
Réapprendre à vivre en harmonie avec les autres peuples de la nature avec qui nous partageons cette planète, dont les serpents font partie, voilà aussi le gage de la survie de notre espèce. Et la garantie que nos enfants et nos petits-enfants pourront encore s’émerveiller de la beauté du monde naturel, tout autant que notre génération a eu le privilège et la chance de le vivre. / Cyril Michel
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