François Lasserre sort un nouveau livre pour défendre les animaux peu aimés. L’entomologiste nous invite à les regarder différemment, les insectes, mais les autres aussi.

les couvertures du Zéphyr

Les populations d’insectes disparaissent, les études se suivent et se ressemblent. Or, beaucoup restent à découvrir. Les invertébrés n’ont pas encore révélé tous leurs secrets. Pour autant, il est très facile d’en croiser au quotidien. Il y a cette mouche qui s’est rapprochée lors d’un repas, ce moustique qui rôde la nuit dans la chambre, cette blatte germanique (mais non allemande) qui apparaît dans l’évier… Autant de petites bêtes que nous avons peut-être envie de liquider, si elles nous dégoutent. 

Facettes fascinantes de belles bêtes, de François Lasserre, illustrations de Maud Junguené (Belin, 2024)

Lire Le Zéphyr n°16 « Insectes : ballet en danger »

François Lasserre (lire Le Zéphyr n°16) ne rate jamais une occasion de défendre les animaux, tant les petits et fragiles que les plus grands et charismatiques. Dans son dernier livre, illustré par Maud Junguené, l’auteur s’en prend à nos idées reçues et nous invite à observer les animaux d’un œil différent. En somme, à ne plus les voir comme de simples bêtes pénibles, nuisibles ou encore inutiles, même si nous ne les aimons guère.

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Beaucoup utilisent le terme sentience afin de désigner les ressentis de tel ou tel être vivant. Ces derniers sont bien réels. Chaque individu, au sein même d’une espèce, possède sa propre personnalité, que ce soit une fourmi, un pigeon ou un rat. L’entomologiste le rappelle, les animaux ressentent tout un tas d’émotions, ainsi que la souffrance. Or, souvent, nous leur voulons du mal, alors que nous ne les connaissons (presque) pas.

Des humains les traquent par exemple jusqu’au sein de leur refuge. Via l’aide de chiens, des chasseurs attrapent les blaireaux dans leurs galeries souterraines pour les abattre froidement. En France, un tiers des populations d’espèces chassables sont même menacées. Une dinguerie !

Changer de regard

La plupart du temps, les tuer ne règle aucun problème, tirer sur des corneilles noires ne règle pas le problème des dégâts sur les cultures. Si un individu disparaît, un autre volatile va se pointer s’il trouve de la nourriture. C’est logique (voir Le Zéphyr n°15).

D’ailleurs, les invertébrés qui vivent (discrètement) dans les appartements et les maisons ont besoin de se nourrir et… ça peut nous rendre « service », à nous, humains. La scutigère véloce – mais si, vous savez, ce petit myriapode élégant –, ingurgite des insectes et des araignées.

Pensez-y avant de vouloir vous en débarrasser. Vous croiserez peut-être la scutigère dans les pièces sombres et les caves, elle possède une quinzaine de paires de pattes. Attention à ce que vous dites, on a dit : pas le physique !

Dans le livre de François Lasserre, on apprend des choses étonnantes sur toutes ces bêtes. Peut-être qu’on arrivera un peu mieux à changer de regard, puis à mieux cohabiter… / Frédéric Emmerich