TRIBUNE – Le Zéphyr propose des cartes blanches aux citoyens qui se mobilisent au quotidien pour le vivant, des scientifiques qui parlent de leur recherche, des membres d’associations, de fondations ou des artistes qui s’expriment sur leur engagement.
Le Jane Goodall Institute (JGI) France vise à soutenir les actions citoyennes des plus jeunes. Sur leur territoire, que ce soit sur les campus ou ailleurs, beaucoup s’engagent dans des collectifs ou des associations de défense du vivant, notamment. C’est ce que rappelle dans un texte Daphné Bouhélier, bénévole au sein du JGI France et coordinatrice du programme d’éducation Roots & Shoots au sein de l’association.
Nous vivons dans un monde où tout est interconnecté. Nos écosystèmes fonctionnent comme un organisme vivant à grande échelle, où chaque espèce joue un rôle essentiel, respire, se nourrit, stabilise l’ensemble. Or, quand une espèce disparaît, c’est tout l’équilibre qui vacille. C’est ce qu’a voulu démontrer la primatologue Jane Goodall pendant des décennies. Et elle ajoutait lors de ses nombreuses conférences que nous avions – nous, vivants – à reconnaître notre place au sein du vivant : nous ne sommes pas au-dessus des autres, mais à leurs côtés.
Pour la célèbre scientifique, tout a commencé avec une observation, en 1960 : un chimpanzé utilisant un outil pour attraper des termites. Un geste simple, mais qui a remis en question une frontière symbolique. Jusqu’à présent, l’humain était défini comme « l’espèce qui utilise des outils ». Après cette découverte, le célèbre anthropologue Louis Leakey dira : « Maintenant, nous devons redéfinir « outil » et « humain », ou alors accepter les chimpanzés en tant qu’humains. »
Chaque animal compte
Le monde a pleuré, le 1er octobre dernier, la disparition du Dr. Jane Goodall. Elle a bousculé notre rapport aux chimpanzés, nos plus proches cousins. Elle a révélé la richesse, la complexité, les émotions, les liens familiaux qui existent chez eux. En observant, année après année, les effets des activités humaines sur les forêts, la biodiversité, la santé des sols, elle a élargi sa mission : elle souhaitait faire comprendre que chaque action humaine avait un impact sur le vivant. Et puis que chaque individu compte. Pour donner corps à cette conviction, elle a créé le Jane Goodall Institute (JGI) en 1977, afin de protéger les chimpanzés et leurs habitats, et de sensibiliser le public à l’interdépendance du vivant.
Quelques années plus tard, en 1991, a été lancé le programme Roots & Shoots, à la suite d’une discussion entre Jane Goodall et un groupe d’adolescent·es tanzanien·es. Ces personnes étaient venues la rencontrer à Dar es Salaam, en Tanzanie, pour lui faire part de leurs inquiétudes face aux problèmes environnementaux observés dans leur communauté. Depuis, le programme du JGI s’est étendu à plus de 75 pays, impliquant plus d’un million de jeunes dans des projets concrets, portés localement, en faveur des humains et des non-humains, les autres animaux, et de l’environnement que nous partageons. Aujourd’hui, Roots & Shoots grandit et vise à continuer d’accompagner les porteurs de projets, notamment les plus jeunes. Nous sommes convaincus de l’importance d’impliquer les jeunes de tous les territoires (péri-urbains, zones rurales…), et y compris ceux qui ne sont pas encore convaincus, et dont les études sont loin des sujets environnementaux.
Lire aussi Le Zéphyr n°21 sur les réintroductions animales et en particulier l’article sur le Jane Goodall Institute et les actions en faveur des grands singes
Des actions pour protéger les grands singes
Les jeunes se mobilisent sur leur territoire, il faut les encourager. Les projets peuvent avoir des portées différentes. Il peut s’agir d’une action ponctuelle, comme une marche de ramassage de déchets, ou collective, à l’instar de la création d’un potager partagé au sein d’une école, d’un sentier pédagogique en milieu urbain, de l’ouverture d’une épicerie solidaire dans un campus universitaire. Mais pas seulement.
Au Burundi, un groupe s’est lancé par exemple comme défi de mener des actions de sensibilisation auprès de la population en vue de protéger les chimpanzés et leur habitat. Ils ont planté des arbres dans des zones clés et ont ainsi participé à la conservation des populations des grands singes dans leur pays.
Depuis plusieurs années, le Jane Goodall Institute France étend son programme Roots & Shoots aux étudiant·es dans l’enseignement supérieur, à travers la Roots & Shoots Academy. C’est d’abord une plateforme de ressources, qui recense des films, des documentaires, des livres, des podcasts à destination des jeunes qui souhaitent aller plus loin dans leur compréhension des grands enjeux d’aujourd’hui. Ces jeunes sont porteur·ses de projets à impact positif, et le Jane Goodall Institute France souhaite leur donner les moyens d’agir !
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Maraudes hebdomadaires et plantations d’arbres
Dans ce cadre, le Jane Goodall Institute France a lancé, en 2025, en partenariat avec la Fondation Yves Rocher, sa première édition du Prix Jeunesse Roots & Shoots Academy. La deuxième édition sera organisée en 2026, afin de récompenser des projets étudiants remarquables, que ce soit des initiatives visant à améliorer les relations entre les animaux et les humains et mettre en place des actions de justice sociale.
En avril 2025 a été récompensé le projet Hope – protection animale, lancé à Skema Business School. Des étudiants œuvrent pour le bien-être animal et humain à travers des maraudes hebdomadaires, durant lesquelles ils et elles distribuent des croquettes et des couvertures aux animaux de compagnie de personnes sans-abris à Lille. Les jeunes visitent par ailleurs des EHPAD en compagnie de chiens pour offrir aux personnes âgées une présence réconfortante et un soutien émotionnel.
Un autre projet a été distingué en 2025 : Treecycle. Cette association, créée en 2023 par Hugo Morand et Bastien Lefranc, s’attaque à la crise climatique par la plantation d’arbres, majoritairement d’arbres fruitiers, pour restaurer une ancienne forêt en Corrèze. L’association a aussi une visée pédagogique à travers l’implication d’enfants d’écoles primaires de la région, dans des ateliers sur le climat et la biodiversité, et les plantations d’arbres.
Concours d’éloquence
En novembre 2026 six nouveaux projets seront primés. Ces six projets recevront un mentoring pendant quatre mois avec des experts tels que Maud Lelièvre, la présidente du comité français de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), qui accompagneront au mieux les projets, selon leurs besoins spécifiques.
Par exemple, lors de l’édition 2025 du Prix Jeunesse, Insula, un projet documentaire visant à sensibiliser aux enjeux des écosystèmes marins autour de La Réunion, a été mentoré par le producteur Florent Gilard, qui travaille depuis plus de quinze ans aux côtés de la Fondation GoodPlanet et a produit plusieurs films de Yann Arthus-Bertrand. Le mentoring vise à aider les jeunes à développer leurs projets, à l’aide de rencontres régulières. Il y en aura un qui gagnera l’an prochain le Grand Prix, et la somme de 5000€ grâce à la Fondation Yves Rocher.
Ce Prix jeunesse n’est pas le seul que le Jane Goodall Institute France propose aux étudiants. Pour ceux qui – comme nous – sont convaincus que les mots, les discours, sont aussi impactants que les actions, il existe le « Concours d’éloquence pour une paix durable – transmettre la voix de Jane aux nouvelles générations ». Il est le fruit d’un partenariat entre le Jane Goodall Institute France et la Fédération française de débat et d’éloquence et se veut une tribune exceptionnelle dédiée à la paix, à la préservation du vivant et à l’héritage de Jane Goodall.
Elle le rappelait souvent : « Chacun·e de nous peut faire la différence. Ensemble, nous pouvons changer le monde. » / Daphné Bouhélier
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