Des milliers de personnes, munies de leurs jumelles, aiment observer les oiseaux, tant les nicheurs les plus communs que les migrateurs plus rares, qui se retrouvent parfois par hasard sur le territoire. But de l’opération : tenter d’en “cocher” le plus possible. Un jeu “addictif”, qu’Antoine Rougeron, membre de la LPO, pratique depuis de longues années.

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Novembre 2016. Antoine Rougeron, les jumelles autour du cou, avance lentement au milieu d’une friche, à la recherche d’une espèce rare. Chargé d’étude et éducateur à l’environnement à la Ligue de protection des oiseaux en Bourgogne-Franche-Comté, il tend l’oreille. Soudain, entre deux sons de mésange, il croit entendre un cri familier. « Je me suis dit que j’avais rêvé… » Il poursuit sa route, puis entend de nouveau le même bruit. Cette fois, pas de doute. Antoine tente de se rapprocher au mieux et arrive devant une lisière forestière. Pas de trace du volatile. Il sort son téléphone et enclenche le petit enregistrement. Dans le jargon, on dit qu’on fait « de la repasse », c’est-à-dire qu’on va mettre le son de l’espèce pour attirer l’oiseau qu’on espère contempler.

les couvertures du Zéphyr

  
Option déconseillée au printemps lors de la période de nidification. « Le son peut perturber le mâle, car celui-ci pourrait imaginer qu’un autre s’est introduit dans son territoire…. » En revanche, en cette fin d’année, pas de souci. Et, pour Antoine, c’est… mission accomplie. Le magnifique est apparu, devant lui. « Et, se remémore-t-il sept ans après, j’ai pu reconnaître à l’œil nu le pouillot de Pallas. » Une petite bête potelée à grosse tête, le croupion jaune et la queue courte, originaire d’Asie. « C’est le genre d’espèce égarée qu’on croise plutôt sur le littoral atlantique, pas en Bourgogne », précise Antoine, qui a alors « coché » ce passereau dans sa région en premier.

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Jeu addictif


Et un point de plus pour lui. C’est que, depuis belle lurette, Antoine coche, c’est-à-dire qu’il cherche à observer le plus d’espèces possible, en particulier des oiseaux migrateurs les plus inattendus, les « gags », dans le jargon. La plupart du temps, après une longue route, ces oiseaux se posent près de la mer ou de l’océan. « Et plus on habite loin du littoral, plus leur découverte est ardue. »Comme des centaines d’autres naturalistes en France, le salarié de la LPO veut toujours en voir un de plus. Un jeu purement « addictif », selon lui, qu’il pratique, tant au travail que durant son temps libre.

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En 2013, Antoine a lancé avec deux autres personnes le site Cocheurs.fr pour que les passionnés puissent « jouer » dans un cadre établi, contrôlé, et au final… se comparer entre eux : « Il ne faut pas nier l’esprit de compétition entre nous, les membres souhaitent cocher des oiseaux, pour leur plaisir, mais aussi dans le but de gagner des points et figurer le plus haut possible dans le classement… » / Philippe Lesaffre

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