Le centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ) a imaginé un concours BD pour inviter les 15-25 ans à s’exprimer sur les enjeux écologiques. Pour la troisième édition de « Je dessine mon Europe verte », les jeunes ont eu comme mission de se pencher sur le thème de l’eau. Cycle de l’eau, inondation, impact des IA… Les planches ont séduit le jury présidé par le dessinateur Kokopello.

Le Zéphyr publiera les planches des quatre lauréates dans ses pages (Le Zéphyr n°22 à paraître en septembre-octobre 2025, abonnez-vous pour le recevoir à l’heure). Vous pouvez les découvrir dans le fanzine n°2 du CIDJ.

Kokopello se réjouit de découvrir de nouveaux talents. En ce 3 juillet 2025, dans le centre Quartier Jeunes, au sein de l’ancienne mairie du premier arrondissement de Paris, l’auteur de bande dessinée remet les prix aux lauréates du concours Dessine-moi mon Europe verte, lancé en 2022 par le centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ). Pour la troisième édition, deux Françaises et deux Belges ont été récompensées.

Le CIDJ (association créée en 1969 et membre du réseau Eurodesk, actif dans une trentaine de pays) cherche, à travers cette initiative artistique, à inviter les moins de trente ans à partager leurs visions et leurs engagements face aux bouleversements environnementaux, le changement climatique, l’effondrement du vivant.

© CIDJ

Cette année, les participants âgés de 15 à 25 ans ont eu pour mission de réaliser une bande dessinée de deux pages sur le thème de l’eau. Un sujet d’actualité en ce début d’été caniculaire, comme l’observe le dessinateur Kokopello, à la tête du jury composé d’Anne Vivier, chargée de mission recherche et restauration des milieux à l’Office français de la biodiversité, de Mirya Duran, coordinatrice régionale Eurodesk à Info Jeunes Auvergne-Rhône-Alpes, de Camille Falconnet, du réseau Info jeunes Île-de-France et Val-de-Marne, de Thibaut Cojean, rédacteur en chef web de L’Étudiant, ainsi que de Paul Lavigne, un des lauréats du concours en 2023.

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« L’eau est un bien essentiel »

Kokopello, de son vrai nom Antoine Angé, rappelle à quel point il a été subjugué par la richesse et la créativité des récits des uns et des autres. « Il n’est pas évident de créer un univers en seulement deux planches. » Elles y sont parvenues.

Joanne Lorrain, lauréate de la catégorie « Assistée par ordinateur » pour les 18-25 ans, a séduit avec son histoire d’inondation à travers le regard d’une petite fille. « Celle-ci relate les événements avec une imagination débordante, précise la dessinatrice de 22 ans, qui termine un cursus en cinéma d’animation 2D à la Haute École Albert Jacquard de Namur, en Belgique, après avoir suivi des études en bande dessinée à Liège. Mais la petite fille sent bien que quelque chose de grave s’est déroulé. Chaque personne peut se reconnaître dans le récit, même si la BD est assez personnelle. »

Joanne vit dans une maison de campagne en Wallonie et se souvient des orages qui tournaient au « cauchemar » et inondaient le village quand elle était enfant : « Mes parents enfilaient les bottes et aidaient les voisins à dégager les rues… Avec ma sœur, nous regardions la scène depuis notre fenêtre, impuissantes. »

À ses côtés, Apolline Dulak vient de recevoir le prix de la catégorie « Assistée par ordinateur » pour les 15-17 ans. Celle qui rêve de filer prochainement au pays des mangas afin d’étudier le japonais notamment a voulu « transmettre des émotions, ainsi qu’un message important » en ce qui concerne les effets du changement climatique. Apolline a abordé dans sa BD la thématique de « la montée des eaux » et a su imaginer un univers sombre et bouleversant en quelques dessins. « L’eau est un bien essentiel, mais elle peut tout autant être dévastatrice », glisse-t-elle.

« En parler sans culpabiliser »

Blanche Lherm, de son côté, a remporté le concours dans la catégorie « crayonnée » pour les 18-25 ans. « J’ai souhaité mettre en lumière le cycle de l’eau que l’on utilise au quotidien et qui passe partout dans le ciel et sous la Terre, indique l’étudiante à la Haute École des arts du Rhin (HEAR) à Strasbourg. J’ai voulu montrer que l’eau est un élément essentiel de la vie et pour notre survie. Il s’agissait au fond d’expliquer comment fonctionne la planète bleue. On a un fort impact sur l’environnement, dit-elle, cela devrait nous préoccuper davantage. »

Chloé Le Moal, en terminale avant la cérémonie, a enchanté le jury pour la catégorie « crayonnée » des 15-17 ans. La lauréate issue des Bouches-du-Rhône a essayé de déchiffrer via ses coups de crayon les impacts de l’intelligence artificielle, en particulier ChatGPT, une technologie très consommatrice en eau. « On n’en parle pas trop au lycée, alors j’ai voulu mettre le sujet sur la table de façon accessible, mais sans culpabiliser les personnes de mon âge qui s’en servent tous les jours. J’ai fait des recherches pour pouvoir diffuser des informations concrètes. »

Le dessinateur Benjamin Marquette, dans la catégorie « Assistée par ordinateur » pour les 18-25 ans, a par ailleurs reçu la mention spéciale du jury pour une BD consacrée à la gestion de l’eau comme bien commun. « On peut tous agir, à l’échelle du foyer, avec des gestes simples et des aménagements adaptés », explique le jeune homme, diplômé en paysagisme et urbanisme.

Le CIDJ prépare déjà la suite et une nouvelle édition. Il y a du pain sur… la planche. / Philippe Lesaffre