EXTRAIT DU MAG – Dans ses dessins et ses albums, l’auteure Fanny Vella tente de faire passer des messages, elle qui aime sensibiliser, notamment sur deux questions qui la touchent particulièrement, à savoir les violences conjugales et l’éducation des enfants.

Cet entretien est extrait du Zéphyr n°9 (Printemps 2021), Bande dessinée : le neuvième art sort de ses cases. Découvrez son sommaire, passez commande.

Il la méprise, il la rabaisse, mais elle n’arrive pas à le quitter. Il porte la main sur elle, la menace, mais elle ne s’en sort pas. Il a une emprise, elle ne s’en rend pas compte, et ne met pas de mots sur ses maux. Ses résultats en cours se dégradent, la colère gronde en elle…  Fanny Vella aborde la douloureuse question de la violence conjugale au sein d’un couple de jeunes adultes dans Le Seuil (Big Pepper, 2020). Dans cette fiction, elle relate comment l’héroïne finit par trouver la force de claquer la porte, de s’en sortir, puis de rebondir, en admettant difficilement qu’elle était une victime. Un sujet qui la touche particulièrement, car elle s’est retrouvée il y a quelques années dans la même position que Camille, le personnage de l’album. 

Depuis, Fanny en a fait, du chemin. Le Zéphyr a échangé avec l’autrice, quelques mois après la publication, en 2020, de son deuxième album, Et si on sortait d’angle (Ailes et graines), une BD dans laquelle elle a planché, cette fois, sur la question de l’éducation. Le sujet la travaille aussi. Longtemps, elle a accompagné des enfants porteurs de handicap. Rencontre.

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Le Zéphyr : Pourquoi êtes-vous devenue dessinatrice ?

Fanny Vella : Pendant longtemps, je me suis occupée d’enfants en situation de handicap, moteur, psychique ou mental. J’ai accompagné des jeunes, de la personne autiste au porteur d’une trisomie 21, en classes adaptées, à domicile et dans les instituts médico-éducatifs. Un emploi qui avait du sens. En même temps, j’ai toujours aimé gribouiller sur un cahier. À 18 ans, je publiais des petites histoires dessinées sur un blog. J’avais quelques prédispositions, mais j’ai surtout su progresser grâce à mon acharnement, à force de m’entraîner (Rires). 

Et, pendant mon congé maternité il y a quatre ans, j’ai senti le besoin de m’occuper. J’ai alors repris les crayons pour partager des anecdotes quotidiennes, et, en trouvant un certain écho sur les réseaux sociaux, j’ai décidé d’en profiter pour essayer de faire passer des messages. C’est comme ça que tout a débuté. 

“Tout le monde comprend un dessin”

Qu’aimez-vous raconter dans vos dessins ?

L’an dernier, après deux ans à illustrer les textes d’autres auteurs, j’ai eu la chance de sortir mes deux premiers albums, sur des sujets qui me touchent particulièrement, à savoir les violences conjugales et l’éducation des enfants. Dans mes BD, j’aime la fiction, mais toujours dans l’optique de faire passer des messages. Plus que de réaliser de beaux dessins, j’aime vulgariser ou raconter une histoire. C’est le support qui me parle le plus, la vulgarisation par l’image. Tout le monde comprend un dessin, peu importe son âge et ses origines. Avec un visuel, on peut dépasser les barrières de la langue. 

Et vous êtes très présente sur Instagram

Sur Instagram, je n’attends pas une date clé ou un événement particulier pour prendre la parole sur un sujet. Se forcer à traiter tel sujet tel jour, c’est un peu se forcer à avoir une idée, cela ne marche pas pour moi, même si d’autres y arrivent très bien. Je préfère aborder les thèmes du quotidien, rebondir sur l’actualité quand elle m’inspire ou qu’elle me fait sortir de mes gonds, et que le dessin reste le meilleur moyen d’évacuer cette colère. M’engager, aussi, sur des thématiques sociales, qui me touchent, comme sur les violences conjugales, etc. Cela peut être aussi des interrogations qui m’animent en tant que maman et que je résume en quelques coups de crayon.

Quand vous choisissez un sujet, vous demandez-vous si c’est une thématique d’actualité, et si celle-ci est susceptible de cartonner sur les réseaux sociaux ?

Vous n’avez lu que 15 % de cet article. La suite dans Le Zéphyr n°9

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