Le Zéphyr donne régulièrement la parole à de jeunes auteurs. Voici Jonathan D., un ancien membre d’une ONG européenne en poste en Afrique. Il prend la plume pour conter son incroyable expérience en République démocratique du Congo. Partie 2.

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Épisode 3 : Hôtel Goma’lifornia

Comme dans toute arrivée dans un nouvel endroit, la première mission qui vous incombe est de trouver une nouvelle habitation. J’avais la chance d’avoir pu parler à quelqu’un sur Skype de la vie à Goma, elle m’avait donné quelques contacts de personnes pouvant être intéressées par un nouveau colocataire. Heureusement, d’ailleurs, car ce n’est pas l’administration locale de mon ONG qui m’a été d’une grande aide sur ce dossier. Le budget dont je disposais, environ 1 000 dollars par mois, peut paraître important, mais, comme souvent dans les pays en développement, la présence d’expatriés peut créer des bulles, et c’est exactement le cas de Goma où se trouve un fort contingent d’internationaux au sein d’ONG, de la MONUSCO et d’entreprises minières, notamment.

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Avec ce budget, il faut donc assurer la location, mais également la sécurité des lieux. Si cette dernière s’est grandement améliorée ces dernières années, il faut rester réaliste. Un garde de jour et deux gardes la nuit sont donc généralement la règle et, selon les opérateurs de sécurité, cela représente déjà plus de 1 000 dollars par mois. Chercher une colocation était donc d’entrée de jeu une nécessité, et mes collègues congolais n’ont pas vraiment pu m’aider sur ce plan, car ils n’étaient finalement que très peu connectés à la sphère expatriée.

Maï Bobos

Après trois semaines passées dans la maison d’hôte de Caritas, organisation caritative catholique, j’ai déménagé pour une première colocation au bord du Lac Kivu où je suis resté pendant un mois. Il était temps, car les passages quotidiens au restaurant pour le petit déjeuner et le dîner commençaient à me fatiguer franchement. Outre que ces environnements soient très impersonnels, j’ai dû me résoudre à mettre au point des stratégies pour m’accommoder de certains traits culturels locaux avec lesquels je faisais nouvellement connaissance. En l’occurrence, il pouvait se passer jusqu’à plus d’une heure entre le moment de la commande de mon dîner et son arrivée. Dire que le rapport au temps n’est pas tout à fait le même au Congo est un euphémisme…

Pour y palier, je me suis résigné à commander mon dîner à mon retour du bureau et à me faire appeler dans ma chambre lorsque celui-ci était prêt. Ça peut paraître banal, mais cela renforce le sentiment d’absence d’autonomie, car, outre cette anecdote, je ne pouvais me déplacer seul à pied en ville, à part dans l’hypercentre et uniquement le jour – la nuit, n’en parlons pas. Il y a toujours un risque de se faire agresser et voler par les Maï Bobos, les enfants de la rue en swahili.

Une poule à l’eau

Dans ma première colocation, j’avais enfin l’occasion de faire ma propre cuisine, et ma vie sociale a été soudainement ressuscitée de ses cendres. Avec mes nouveaux colocataires, un couple franco-polonais, l’un ingénieur et l’autre onusienne, nous nous sommes tout de suite très bien entendu. Je n’ai partagé qu’un mois avec eux, mais il fut riche en interactions nouvelles. Mon colocataire, qui avait un penchant certain pour la découverte et l’aventure, s’est mis en tête de se procurer une pirogue artisanale selon la mode locale. Je résumerais nos expériences sur cette pirogue comme ayant été quelque peu humide.

Par ailleurs, il travaillait depuis la maison et s’était constitué un bestiaire domestique à base de biquettes et de poules pour lui tenir compagnie. Je me rappelle d’un épisode alors que nous gardions la chienne de nos voisins partis en vacances, où cette dernière s’était mise en chasse des poussins nouvellement nés. S’en est suivi une action des plus épiques au son des cris de ma coloc, des caquètements désespérés des gallinacés, des ricanements paniqués des chèvres et enfin de mes cris exaspérés pour arrêter la chienne. Bilan : une poule à l’eau, un poussin probablement décédé de crise cardiaque, des chèvres qui se sont oubliées sur le perron de la maison… Bref, un épisode épique et une vie tout de suite plus palpitante que celle menée à l’hôtel.

Malheureusement, mes nouveaux colocs étaient sur le départ, et je me suis décidé pour une autre maison, avec des colocataires plus stables. Dans le milieu de la coopération internationale et probablement de l’expatriation en général, il faut noter que chaque jour est marqué par de nouveaux départs et de nouvelles arrivées. C’est un incessant va et vient et votre entourage direct est susceptible de changer en permanence. Cette répétition tend à créer une certaine lassitude, et chaque opportunité pouvant assurer un peu plus de stabilité doit être saisie ! C’est d’ailleurs l’une des raisons principales pour lesquelles mes nouveaux colocataires étaient ravis de m’accueillir. J’arrivais en effet avec un contrat d’un an et une possibilité d’être renouvelé ! C’était donc parfait pour eux, et parfait pour moi.

L’auberge espagnole

S’il y a une chose que l’on peut dire de la maison où j’ai vécu c’est que si ce n’est pas la plus jolie de Goma, elle est très probablement dans le top 5. Située directement au bord du lac, toutes les chambres donnent sur celui-ci, et assurent ainsi à leurs occupants de s’endormir au son des vagues. Le Lac Kivu, bien que l’un des plus petits des grands lacs d’Afrique, n’en demeure pas moins une véritable petite mer intérieure dont les vagues n’ont parfois rien à envier à ses grands frères. Au cœur d’un grand jardin, isolée de la route principale par une voie d’accès qui dessert un hôtel et quelques autres maisons de fortunés Gomatraciens, cette maison a été construite par un Belge, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il avait du goût.

Parquet et charpente apparente étaient au programme – une rareté à Goma dont les maisons sont le plus souvent achalandées d’un carrelage blanc, froid et insipide. Impossible dès lors de ne pas être marqué par le décalage évident avec les habitations de fortunes, souvent en matériaux de récupération, parfois même en bâches, des plus pauvres habitants de Goma, certains n’habitant pas à plus de 500 mètres de chez nous. Bienvenue au pays des contradictions…

En un an, notre colocation a été occupée par plus de neufs personnes différentes, alors que la maison ne dispose que de quatre chambres. Parmi eux, on dénombre un Colombien, doyen de la colocation avec plus de deux ans de présence, un couple de Canadiens, une Canado-Libanaise, deux Français, deux Belges dont une en couple avec un Brésilien. Une vraie auberge espagnole en somme, et la preuve que même quand on essaye d’assurer une stabilité, le changement trouve toujours un moyen de s’insinuer dans l’équation ! Dans le milieu des ONG, on trouve de gros égos. Heureusement, le Château du Lac, humble sobriquet choisi par ses non moins humbles occupants, n’attire que les bonnes énergies. A part quelques légères prises de bec, la colocation s’est toujours très bien entendue dans ses nombreuses configurations.

« Rest and Relax »

J’avais souvent tendance à considérer la vie à Goma comme une sorte de prolongement de l’esprit Erasmus. Même si je ne suis pas passé par cette case moi-même, les échos que j’en ai reçus ressemblent fortement à ce que j’ai vécu au bord du Lac Kivu. Chaque soir de la semaine est une nouvelle occasion de sortir, que cela soit pour le buffet à volonté de tel endroit, les pizzas de l’autre ou encore pour la soirée organisée par telle ou telle maison. Au final, on a vite fait de passer son temps à sortir faire la fête et boire de l’alcool. Heureusement, que l’on peut de temps en temps échapper à ce cycle infernal au cours d’un congé de relaxation, ou d’un R&R pour Rest and Relax, comme on dit dans notre jargon humanitaire. C’est au cœur de cette culture festive que le Château du Lac trouve d’ailleurs son surnom, car c’est en ces lieux que quelques-unes des plus chouettes fêtes de Goma ont été faites ces quelques dernières années, aux dires des vieux routards de la scène gomatracienne.

 

Épisode 4 : Goma’gnifique

 

les militaires de l'ONU qui surveillent la zoneGoma est une ville relativement grande, on parle de plus d’un million d’habitants, si l’on considère les différents villages dans sa périphérie. Malgré les évènements qui ont frappé la ville ces quinze dernières années (une éruption volcanique de grande ampleur en 2002, sa conquête par les rebelles du M23 en 2012), elle a continué sa croissance exponentielle. On ne dénombrait pas plus de 170 000 habitants au début des années 1990. La relative stabilité de la ville depuis 2013 est dans tous les cas un facteur important d’attraction dans un territoire, le Nord-Kivu, qui souffre encore énormément de la présence d’une myriade de groupes armées.

Leurs affrontements, et les opérations de maintien de l’ordre, menées par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ou la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUSCO), provoquent des déplacements de population à répétition, Dans le jargon, on parle de « déplacements pendulaires », car les gens partent le temps que les choses se calment et rentrent chez eux dès que possible.

La présence de la frontière rwandaise est aussi un facteur d’attractivité. En effet, de nombreux Congolais travaillent au Rwanda pendant la journée et, de manière générale, la région frontalière est marquée par de forts échanges économiques entre les deux pays. Le Rwanda écoule beaucoup de ses produits, notamment agricoles, dans les deux Kivus. Autre facteur d’attraction économique : avec près de trente ONG internationales, la Croix-Rouge, quatre agences des Nations unies, et la MONUSCO, Goma est l’hôte d’une multitude d’expatriés, qui viennent avec leurs besoins d’occidentaux. C’est une véritable aubaine pour ceux qui peuvent louer des maisons. J’ai déjà évoqué (dans l’épisode 3, plus haut) les prix élevés des loyers du fait de la bulle créée par les internationaux.

Fruit d’un brassage

Par ailleurs, il faut divertir toute le monde et, pour se faire, Goma s’est dotée de quelques bars et autres restaurants aux looks très branchés.Il y a même une boulangerie à Goma qui fait du bon pain et tout un tas d’autres pâtisseries alléchantes ; pas étonnant dès lors qu’elle se soit humblement nommée « Au Bon Pain ». Semblable à un petit café ou salon de thé bobo parisien, on y déguste sa part de gâteau et son café latté machiato, tout en travaillant je ne sais quel rapport urgent sur son ordinateur portable. Ceux qui tiennent ces établissements appartiennent pour la majorité aux familles dites « métisses ».

Pour la plupart, ces familles sont le fruit d’un brassage européo-congolais et profitent de l’avantage comparatif que leur confère leur connexion avec l’Europe en termes d’éducation et d’ouverture sur le monde, pour réussir localement leur business. En comptant les ONG locales, on arrive à plus de 100 organisations œuvrant dans le secteur humanitaire. Leurs activités représentent également une opportunité d’emploi pour les Congolais les plus formés, car une ONG, même internationale, se repose avant tout sur une équipe faite de travailleurs nationaux. Dans le cadre de mon ONG, j’étais le seul expatrié pendant près d’un an avant l’arrivée d’un autre collègue tchadien. Il y a plusieurs raisons à cette réalité.

Des journalistes à Goma

Tout d’abord, lorsque l’on veut s’intégrer dans un nouveau milieu, il est important de se reposer sur des personnes issues de ce même milieu, qui ont l’avantage de le connaître et y ont leurs entrées. Après tout, l’un des principes de base du fonctionnement des ONG est l’acceptation. En effet, pour pouvoir opérer, on doit être accepté par les populations locales et, pour se faire, il faut parler leur langue et être au plus proche d’elles. Ensuite, il y a bien sûr une réalité économique, un salarié congolais ne coûte pas aussi cher qu’un salarié expatrié. Sa présence se justifie néanmoins dans la mesure où il amène généralement des compétences qui ne sont pas disponibles localement.

En effet, la qualité des formations offertes en RDC n’est pas comparable avec celles suivies par les expatriés dans leurs pays d’origine, et ils amènent donc des connaissances techniques et de gestion plus récentes avec eux. Cela se fait néanmoins au détriment de la connaissance du terrain, où l’avantage reste logiquement aux Congolais.Enfin, dans une logique de développement des pays dans lesquels les organisations humanitaires interviennent, il est important de veiller à transférer les compétences et cela commence par travailler avec des Congolais lorsque vous intervenez en RDC. Si Goma attire des expatriés qui viennent travailler dans le secteur humanitaire, il y a également les expatriés qui travaillent dans le secteur minier, et ceux qui sont de passage comme par exemple les spécialistes de l’information.

Reportage compliqué

À ce titre, notre colocation a hébergé sur une période d’un mois et demi deux journalistes venus de France pour couvrir des reportages au Congo. Ils étaient notamment intéressés par le fait de couvrir les mines sauvages – le Congo en compte malheureusement beaucoup – et, si possible, des structures plus grandes. Ils ont rapidement réalisé que cela serait plus difficile que prévu. Je me rappelle, au cours de nos débriefings sur leurs différentes escapades, qu’ils ont même pu faire l’objet d’intimidation.

Arrivés sur un site minier important, les autorisations étatiques qu’ils avaient pu obtenir ne leur furent d’aucune aide et, très vite, ils se sont vus filmés par des personnes dont le but était de transférer leur signalement afin que personne ne parle avec eux. Malheureusement, biens des choses restent compliquées en RDC, et la transparence est clairement un des aspects les plus difficile à mettre en place. Cela n’a rien d‘étonnant dans un pays où chacun a intérêt à protéger son petit business et ses nombreuses irrégularités du regard des autres.

Le lac majestueux

Goma, c’est aussi la capitale touristique du Congo, du moins c’est ce que prétendent des affiches et une vidéo assez kitsch qui passent à l’aéroport de la ville. Que Gisenyi, la ville voisine du Rwanda, puisse prétendre être une destination touristique à part entière, pourquoi pas, mais Goma ? On parle tout de même d’une ville, qui panse encore aujourd’hui les plaies de ses irruptions volcaniques et qui se trouve dans une région du monde plus connue pour être la capitale mondiale du viol que du tourisme. Et pourtant, il y a beaucoup de choses à voir à Goma et ses environs.

Tout d’abord, comme je l’ai déjà évoqué quelques fois, Goma s’étend au bord du majestueux lac Kivu. Sa superficie est de 2 700 km² ; pour comparaison, c’est légèrement plus grand que le Luxembourg. Au Sud du lac se trouve la capitale du Sud-Kivu, Bukavu, et au centre du lac se trouve l’île habitée d’Idjwi. Je n’ai malheureusement eu l’occasion de visiter ni l’une ni l’autre. En revanche, j’ai pu passer un week-end sur une petite île, Chéguéra, dans des tentes spécialement installées pour le tourisme et disposant d’un confort moderne (j’ai noté la présence d’une salle de bain avec douche, lit, lumière).

Bombe à retardement

C’est l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), qui gère ce type de site et qui tente d’encourager le tourisme au Congo. Mais, comme beaucoup de choses au Congo, le lac Kivu revêt aussi sa part d’ombre, c’est en effet l’un des trois lacs méromictiques d’Afrique. Cela signifie que la partie inférieure du lac ne se renouvelle pas au contact de l’air et cumule ainsi des gaz résultant soit d’une production bactériologique, soit de remontées géologiques. Ces gaz sont alors pris au piège dans la partie basse du lac grâce à la pression de sa partie supérieure. Le risque est alors qu’une éruption de ces gaz, asphyxiants, n’interviennent, comme ce fut le cas en 1986 autour du lac Nyos au Cameroun, provoquant la mort de 1 700 personnes.

Vivre au bord du lac Kivu, c’est donc vivre au bord d’une bombe à retardement. Avec mes colocs, nous nous demandions souvent comment ce risque pourrait être pris en compte. A moitié sur le ton de la plaisanterie, il nous semblait que de prévoir des masques à oxygène aurait pu s’avérer utile… Mais c’est probablement totalement irréaliste !

Des journalistes et des vulcanologues

Le lac n’est pas la seule bombe à retardement des environs. Goma se situe en effet au pied de la chaîne de montagnes volcaniques des Virunga, que se partagent l’Ouganda, le Rwanda et la RDC. Le plus proche de ces volcans est le Nyiragongo, qui a déjà fait subir une éruption catastrophique à la ville en 2002. A ses côtés se trouvent les volcans Nyamuragira, Karisimbi et Mikeno. Culminant à 3 470 mètres, le Nyiragongo est un volcan en activité, surveillé quotidiennement par l’observatoire volcanologique de Goma (OVG).

L’observatoire reçoit d’ailleurs régulièrement des visites de journalistes et d’autres vulcanologues internationaux venus couvrir le volcan. Heureusement d’ailleurs que l’OVG est soutenu depuis l’extérieur car ses capacités propres sont très limitées. Il me semble que même leurs sismographes, et certains autres appareils, ont été financés par la MONUSCO. En ce qui me concerne, j’ai eu l’occasion de gravir le volcan au cours d’un week-end et de passer la nuit à son sommet dans l’une des cabanes installées par le Parc national des Virunga.

Cela ressemble à la Suisse

C’est ce dernier qui gère un grand domaine forestier et qui a la charge, avec ses rangers, une vraie milice paramilitaire, de le protéger des incursions de groupes armés et, plus simplement, de l’abattage sauvage d’arbres par les riverains du parc. Loin de contribuer à un trafic international de bois exotiques, cet abattage a une visée bien plus prosaïque, qui est la production de bois de chauffe. Le bois de chauffe est la première source d’énergie des foyers, et contribue grandement à la déforestation en Afrique, c’est une vraie calamité à laquelle travaille de nombreuses ONG et associations.

Non loin de Goma se trouve Mushake, un endroit qui vous donne littéralement l’impression de vous trouver en Suisse. Ça peut paraître étonnant la première fois qu’on en entend parler et, pourtant, une fois qu’on y est, il n’y a pas de place au doute. Imaginez des collines verdoyantes dans lesquelles broutent des vaches à la robe blanche tachetée de noir (ou l’inverse), et une région connue pour sa production de fromage.

Oui, cela ressemble fortement à la Suisse, sauf que le fromage qu’on y produit ressemble au gouda hollandais et que la population qui y vit est noire de peau et bien loin des boucles blondes d’une petite Heidi. Pour vous donner une idée un peu plus précise des lieux, la Deutsche Welle, l’équivalent allemand de France 24, a récemment fait un reportage sur l’industrie du fromage autour de Goma. Si l’on aime les marches dans les grands espaces et passer une nuit au coin du feu, l’endroit est parfait. Comme on se trouve dans les hauteurs, il y fait plus froid qu’à Goma, qui, se trouvant déjà à 1 500 mètres de hauteur, jouit d’un climat relativement tempéré bien qu’humide pendant la saison des pluies.

Gare aux gorilles

Il y a bien sûr beaucoup d’autres choses à voir au Congo, et je ne me suis limité ici qu’à quelques activités circonscrites au Nord-Kivu. Cependant, je n’ai pas encore évoqué les gorilles. De toutes mes expériences en RDC, c’est probablement la plus forte. J’évoquais plus haut le Parc national des Virunga et l’un de ses mandats est précisément d’assurer la protection du lieu de vie naturel de quelques-uns des derniers gorilles des montagnes en liberté. Quand on habite Goma, on a le privilège de pouvoir les voir en liberté dans la forêt lors de treks organisés par le Parc. Si je me rappelle bien des informations livrées avant notre marche à la rencontre des gorilles, ceux-ci ne sont dérangés qu’une fois par semaine par des visites.

Elles durent alors entre 45 minutes et une heure pendant lesquelles vous n’êtes jamais à plus de trois mètres des bêtes, ou plutôt de nos lointains cousins. Comme notre groupe était majoritairement composé de jeunes gens, nous nous sommes vu attribuer la famille la plus lointaine, et il nous a déjà fallu près de deux heures de marche dans la plaine et à versant de montagne pour la rejoindre.

Les groupes sont limités à six personnes, plus les deux rangers qui vous accompagnent, et, enfin, les deux ou trois rangers qui font le repérage des familles afin de pouvoir les rejoindre facilement. Une fois là-haut avec la famille de gorilles, vous les observez vaquer à leurs occupations. Il s’agit majoritairement de manger des feuilles et autres herbages, et, accessoirement, d’éviter ces étranges visiteurs hebdomadaires qui viennent heurter la quiétude des lieux. Le dos d’argent ou silver back est le chef de famille, et les rangers du parc s’assurent de vous emmener voir des familles dont les chefs tolèrent la présence d’êtres humains. Sans quoi, il ne serait pas possible de se trouver aussi proche des gorilles. Certaines mamans se promènent avec leurs petits et, s’ils se sentaient menacés par la présence humaine, celle-ci ne serait pas possible. / Jonathan D.

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