Au MAIF Social Club, lieu de vie et de culture à Paris, on entend la voix des arbres. L’exposition Le Chant des forêts, accessible gratuitement jusqu’au 22 juillet 2023, vise à « éveiller les consciences sur les richesses des écosystèmes forestiers, mais aussi sur ce qui les menace », comme nous indique la commissaire Lauranne Germond, cofondatrice de l’association COAL.

Le MAIF Social Club le précise, l’exposition « donne à entendre les voix de la forêt, celles des vivants qui la composent et la décomposent, celles des rites et des cultes qui la traversent depuis la nuit des temps, mais aussi celles des humains qui l’habitent et luttent pour les protéger ». Le Chant des forêts explore l’écosystème de la forêt et de ses habitants à travers le travail de dix artistes internationaux, à la lisière entre plusieurs disciplines. Sa commissaire Lauranne Germond, cofondatrice de l’association COAL, en est convaincue, la culture peut jouer un rôle dans la bascule.

les couvertures du Zéphyr

« Les artistes ont un rôle à jouer pour transformer nos représentations »

Le Zéphyr : Vous assurez la direction artistique de l’exposition Le Chant des forêts au MAIF Social Club, au côté du scénographe Benjamin Gabrié. Comment mobilisez-vous artistes et acteurs culturels sur les enjeux de la protection à l’environnement ?

Lauranne Germond : Le monde de la culture commence tout juste à se mobiliser sur les enjeux écologiques. C’est assez récent, surtout en France. COAL était pionnière en la matière lors de sa création en 2008. Depuis 15 ans, l’association que je dirige promeut une approche culturelle de la transition écologique et de la reconnexion au vivant.

Je suis convaincue que les artistes ont un rôle à jouer pour transformer nos représentations, nos manières de penser, de produire et nous relier au vivant. On constate que la connaissance des enjeux ne suscite pas le passage à d’action. Le fait de savoir ne suffit pas. Il y a un problème de rupture avec la nature. Et l’art apparaît comme un outil, parmi d’autres, pour éprouver la transformation. Les expériences artistiques peuvent opérer de façon plus intime une bascule de la perception et des valeurs.

chant des forets

Vous récompensez les artistes engagés…

En effet, on a lancé le prix COAL pour valoriser des artistes engagés. Par exemple, le premier à avoir été distingué, en 2010, c’est Thierry Boutonnier, il est exposé au MAIF Social Club. Comme le collectif péruvien Fibra, à l’origine de l’installation (au sein de l’exposition Le Chant des forêts) Déforestation : déterrer les signaux, qui est lauréat du Prix 2021 sur la forêt. On met en valeur une dizaine d’artistes chaque année. En outre, nous avons lancé un prix étudiant en 2019 – le Prix étudiant COAL – Culture & Diversité, pour accompagner les plus jeunes.

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« Éveiller les consciences sur les richesses des écosystèmes forestiers »

Comment en êtes-vous venue à imaginer Le Chant des forêts ? Quelle était votre intention ?

C’est le MAIF Social Club qui m’a invitée à travailler sur ce thème des forêts. J’avais également cofondé peu de temps avant, le festival La nuit des forêts. J’avais carte blanche pour cette exposition. Le lieu présente des expositions pour un large public, familial, tourné vers les plus jeunes. Les commissaires sont toujours associé.e.s à un.e scénographe pour imaginer une expérience immersive, et, en même temps, ludique.

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Pour Le Chant des forêts, j’ai souhaité, grâce à la connaissance et à l’émerveillement, éveiller les consciences sur les richesses des écosystèmes forestiers, mais aussi sur ce qui les menace. Des œuvres mettent en lumière des parties méconnues de la forêt, comme l’espace racinaire, la canopée, le monde des insectes, ainsi que la forêt primaire. Le parcours nous renseigne sur l’état des forêts et nous fait prendre conscience de l’impact de nos gestes du quotidien sur la déforestation. Chacun. e est invité.e à reconsidérer sa place dans la nature. / Propos recueillis par Philippe Lesaffre

Pour en savoir plus sur la programmation, RDV sur le site du MAIF Social Club