Il y a quarante ans, une équipe de passionnés s’est mobilisée en vue de réintroduire des colonies de vautours, qui avaient disparu du paysage français dans les années 40. Une opération inédite pour ces rapaces majestueux. Le Zéphyr revient sur cette folle aventure dans les Grands Causses, au cœur du Massif central, à l’heure où des fausses idées sur ces animaux continuent de circuler.

Cet article est extrait du Zéphyr n°11 Sauver les animaux, ok. Mais pour quoi faire ?. Découvrez son sommaire, passez commande pour soutenir la rédaction, 100 % indépendante.

“Les regarder voler dans le ciel, c’est magique, d’autant qu’on ne visualise pas les courants du vent utilisés par les rapaces.” On sent l’émotion dans sa voix. Jean-Louis Pinna, ex-garde-moniteur du parc national des Cévennes, a fait partie des équipes ayant réintroduit, il y a près de quarante ans, les vautours au-dessus des Grands Causses, dans le sud du Massif central. Et on le sent fier d’y avoir contribué, d’autant qu’il s’agit d’une première mondiale pour ces espèces de rapaces. “C’est vrai, glisse-t-il aujourd’hui, presque modeste, il y a cette satisfaction d’avoir réparé ce que je pense être une erreur du passé.” 

Car, si depuis quatre décennies, les vautours moines et fauves, ainsi que les gypaètes barbus dominent à nouveau le site des Gorges du Tarn, de la Jonte et des Causses, ils avaient bel et bien disparu du ciel français. Et les activités humaines en sont la cause principale. Selon Léa Giraud, responsable du Site Grands Causses de la LPO, “il ne restait plus qu’un reliquat de population dans la vallée d’Ossau dans les Pyrénées, ayant résisté à l’extermination de masse dans les années 40.”  Les raisons sont multiples. “Ils ont été tués lors de massacres organisés ou encore par l’usage massif de pesticides et autres contaminants, via la consommation d’appâts empoisonnés ou en consommant des animaux sauvages eux-mêmes empoisonnés”.

“Une étiquette de mort”

Ces charognards étaient très mal perçus. “On pensait par exemple que le gypaète enlevait les enfants. Les rapaces ont une étiquette de mort, ils sont imposants, ils font peur”, poursuit la militante à la Ligue pour la protection des oiseaux.“ Jean-Louis Pinna le regrette : “Les anciennes générations les ont éliminés par le fusil et surtout le poison destiné à éradiquer les loups. Elles savaient pourtant que les vautours n’étaient pas dangereux pour les troupeaux.” Pour quelles raisons ? Jean-Louis Pinna cherche les mots justes. Et enchaîne. “Pour elles, tout ce qui est sauvage devait être dominé, et ce qui gène, éliminé.”

Face à ce massacre, certains passionnés qui voyaient encore ces espèces incroyables voltiger en Espagne, se sont mobilisés pour les réintroduire sur leur territoire, sur les cimes des reliefs. Ils ne pouvaient pas ne rien tenter. 

Tout a commencé à la fin des années 1960 avec un petit groupe de naturalistes passionnés. “Les frères Michel et Jean-François Terrasse, fondateurs de l’association du fonds d’intervention pour les rapaces (FIR), ont joué un rôle prépondérant dans la réussite du projet, précise Jean-Louis Pinna. Ils étaient considérés, à l’époque, comme les spécialistes français des vautours”, dit-il. / Philippe Lesaffre

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