Il fait partie de la famille des nymphalidés, le morio. Ce papillon diurne peut vivre, à l’âge adulte, jusqu’à dix mois. Mais il est menacé, comme d’autres lépidoptères.

T’es qui, toi ?

Vous lisez un extrait du Zéphyr n°16 Le ballet des insectes en danger. Le Zéphyr est un média indépendant, porté sur la protection du vivant, financé par ses lecteurs et lectrices. Découvrez le sommaire par ici, puis commandez l’opus. Vous pouvez aussi vous abonner ou acheter le numéro en version numérique (PDF). Bonne lecture !

Je vous présente Nymphalis antiopa. Souvent, les lépidoptères, et contrairement à d’autres insectes moins prestigieux (comme les diptères, n’est-ce pas ?), ont droit, comme l’a raconté François Lasserre dans son Inventaire des petites bêtes des forêts (lisez son entretien dans ce numéro du Zéphyr) à « un nom prestigieux ». Là, en l’occurrence, son patronyme fait référence à un personnage de la mythologie grecque, Antiope, séduite par Zeus.

les couvertures du Zéphyr

Le papillon fuit les grandes chaleurs…

Le morio, de son petit nom vernaculaire, s’envole pour la première fois en juillet et découvre son environnement dans les airs, non loin des arbres. L’imago de ce lépidoptère va rapidement vouloir échapper aux fortes chaleurs. Il se réfugie dans les sous-bois et estive quelques semaines. Car il a besoin d’ « économiser de l’énergie », précise François Lasserre dans son ouvrage. Et pour cause : le rhopalocère (mot désignant les papillons de jour, et un ex-sous-ordre des papillons, aujourd’hui obsolète) va vivre – et c’est exceptionnel – pendant dix mois, en particulier près des zones humides, et à proximité des saules et des bouleaux ou, à la rigueur, des ormes, arbres sur lesquels les chenilles se développeront au printemps. Mais on n’y est pas encore.

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…et puis hiverne

Après l’été au frais, il réapparaît. Nous sommes en octobre, et il n’y a pas de temps à perdre. L’hiver arrive vite, le morio doit se nourrir et part en quête d’exsudations, autant de sèves et de fruits bien mûrs afin que l’insecte puisse s’engraisser en vue d’une période… d’hibernation. Car il fait partie des rares papillons diurnes à l’état adulte à y goûter. Nymphalis antiopa se réfugie dans une cavité rocheuse, dans des tas de bois ou encore au cœur d’un arbre creux.

Le morio se fait rare

Le morio, issu de la famille des nymphalidés (parmi une centaine d’espèces décrite en France, 6 000 dans le monde), refait surface l’année suivante entre février et mars, avec, cette fois, une seule « obsession » : se reproduire, avant le trépas, pour que la femelle puisse pondre des œufs entre avril et mai sur les feuilles de saules ou de bouleaux, ses plantes-hôtes. Bientôt, les chenilles nées se transformeront en chrysalides, dernier stade avant la mue finale, et la boucle sera bouclée.

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Pour encore combien de temps ? Car il se trouve qu’en France, ce papillon est devenu assez rare. En fonction des régions, dans lesquels il a été observé, le morio se fait discret, ce qui n’arrange pas ses prédateurs, les arachnides, quelques autres insectes et les oiseaux, fan de larves et d’imagos. Le rhopalocère, connu aussi pour son claquement des ailes émis lors de l’envol, est parfois classé en catégorie « vulnérable », « quasi-menacé », « en danger » ou « en danger critique », selon la méthodologie des listes rouges, mise en place par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Toujours est-il que les prairies, les landes, les zones humides tendent à disparaître, les territoires sont artificialisés, les milieux sont détruits. Les pollutions et l’usage de pesticides et d’insecticides n’aident pas…

Où es-tu, Nymphalis antiopa ? / Philippe Lesaffre

Bon à savoir Le morio est un papillon de jour. Les papillons de nuit sont vingt fois plus nombreux que les diurnes, plus visibles. En tout, plus de 150 000 espèces de lépidoptères ont été décrites dans le monde, 5 000 en France.