Chronique / De nombreux naturalistes alertent sur la disparition des insectes et proposent de réensauvager nos terres pour pouvoir accueillir ces petites bêtes à six pattes. Comme Dave Goulson. Dans son livre « L’Appel de la prairie », il raconte comment il a su créer une oasis pour la vie sauvage dans une ancienne ferme en Charente.

Découvrez le sommaire du Zéphyr n°16 « Insectes : ballet en danger »

Les études se suivent et se ressemblent : elles témoignent toutes d’un déclin préoccupant des populations d’insectes. Depuis de longues années, les chercheurs et les entomologistes sonnent l’alerte. D’autant que, sans ces petites bêtes, la Terre ne ressemblerait pas à ce qu’elle est aujourd’hui. Et leur disparition nous touche. Près de 70 % de notre diversité alimentaire dépend de l’action de pollinisation des insectes. D’où l’importance d’en prendre soin. Pourtant, ils nous ennuient, ils nous dégoûtent.

Lire l’édito du Zéphyr : changer le regard, vite

Beaucoup de naturalistes prennent la plume pour nous aider ainsi à changer de regard, à accepter leur présence et à se rendre compte de leurs fonctions écologiques essentielles. Ils nous invitent à réensauvager nos terres, à faire des petits coins de verdure des petits coins de paradis… Le peuple de l’herbe revient vite si on « rénature ».

les couvertures du Zéphyr

La diversité des paysages – et donc végétale – est importante pour la vie sauvage. De nombreuses espèces dites spécialistes dépendent en effet d’un petit nombre de plantes ou d’arbres pour se développer et se reproduire. Dave Goulson, dans ses livres, ne cesse de conter l’épopée incroyable de ces animaux à six pattes au fil des époques. L’enseignant à l’université du Sussex précise notamment qu’ils ont été par exemple les premiers à s’envoler depuis la Terre. Que les libellules sont devenues des « as » en la matière pour choper leurs proies.

Les bêtes de la prairie de Dave Goulson

Le naturaliste anglais a acheté en 2003 une ancienne ferme charentaise pour développer un havre de paix à la vie sauvage. Pour L’Appel de la prairie (Rouergue, 2022), il raconte – avec humour – comment il a retapé sa maison, parfois avec l’aide de collègues et d’étudiants, invités à l’occasion. Et comment il a su construire, petit à petit, une oasis pour les oiseaux, les insectes, mais aussi les amphibiens, qu’ils voulaient près de lui. Les petites bêtes de sa prairie, les arachnides, les bourdons, les papillons, les coléoptères, les mouches à merde, les piafs, les petits mammifères tels que le loir, il aime s’en rapprocher.

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Il les observe, les étudie, contemple leur spectacle. Dave Goulson énumère dans son récit passionnant ceux qu’il croise pour mieux nous expliquer comment ces derniers vivent, se battent, cohabitent, coopèrent, se nourrissent, trouvent des partenaires, se reproduisent, protègent les petits. Ou pas.

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« Chez les oiseaux, écrit-il dans son livre, les petits n’ont parfois aucun lien avec les deux parents. Cela semble particulièrement courant chez de nombreuses espèces de canards qui, dès qu’ils le peuvent, essayent de pondre dans des nids étrangers en espérant que leurs petits seront élevés par d’autres. Cela se produit surtout chez les oiseaux dont les couvées sont importantes, peut-être parce que la femelle ne s’apercevra pas forcément de la présence d’un ou deux œufs supplémentaires si son nid en contient déjà une douzaine. Les coucous, eux, poussent jusqu’au bout la logique de cette stratégie en abandonnant complètement leur propre nid pour aller pondre dans ceux d’autres espèces d’oiseaux. » / Philippe Lesaffre