TRIBUNE – Le Zéphyr propose des cartes blanches aux citoyens qui se mobilisent au quotidien pour le vivant, des scientifiques qui parlent de leur recherche, des membres d’associations ou encore de fondations qui s’expriment sur leur engagement.

Le photographe Martin Colognoli, à l’origine de l’association Coral Guardian, veut nous aider à retisser notre lien à l’eau douce. Pour y parvenir, il a imaginé le projet artistique Madame Water, aux côtés de Leïla Ezzat, chercheuse en écologie des systèmes aquatiques, et de Florian Morel, spécialiste en stratégie de communication. « L’émotion peut devenir un levier d’engagement », écrit-il.

les couvertures du Zéphyr

Depuis plus de quinze ans, je documente les milieux aquatiques à travers mon regard de photographe et de mon bagage d’écologue marin. Mon travail m’a longtemps conduit à explorer les récifs coralliens (à lire aussi Le Zéphyr n°12). Mais récemment c’est une autre forme d’eau qui m’a appelé : l’eau douce, celle qui coule dans nos rivières, nos nappes, celle qui traverse nos villes comme nos montagnes (à ce sujet, Le Zéphyr n°18).

Face au dérèglement climatique, à l’artificialisation des territoires et à l’effondrement de la biodiversité, j’ai ressenti l’urgence de créer un espace d’expression dédié à cette eau si précieuse et pourtant si invisible dans le débat public. C’est de là qu’est née Madame Water.

Madame Water, c’est une initiative artistique et engagée. L’ambition est de donner à voir, à entendre et à ressentir l’eau douce, dans sa complexité et sa fragilité. À travers la photographie, les récits humains et la science, avec d’autres nous cherchons à retisser un lien sensible avec cette ressource vitale.

Concrètement, le projet se déploie en plusieurs volets.

© Martin Colognoli

D’abord, des explorations photographiques sur le terrain, entre la France et la Suisse, pour documenter les milieux aquatiques et les usages humains de l’eau douce. Un travail de terrain, de reportages, d’immersion, de collecte d’images et de récits autour de cette matière.

Ensuite, des expositions accessibles à toutes et tous, installées dans l’espace public, au plus près des rivières et lacs pour toucher un public large.

« Il est urgent de raconter autrement notre lien au vivant »

Enfin, des podcasts et des reportages audio, pour faire entendre les voix de celles et ceux qui protègent l’eau au quotidien, des scientifiques, des artistes, des agriculteurs et d’autres citoyens engagés…

Je suis convaincu que l’émotion peut devenir un levier d’engagement, que l’image peut ouvrir la voie. Avec Madame Water, nous ne prétendons pas porter un message technique ou militant au sens strict. Nous cherchons avant tout avec les autres porteurs du projet à créer des espaces de perception et d’écoute, où chacun et chacune peut reconsidérer sa relation à l’eau.

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Aujourd’hui, je crois qu’il est urgent de raconter autrement notre lien au vivant. L’eau douce est au cœur de cette histoire. Et peut-être qu’en prenant soin de cette eau-là, on prendra aussi soin de nous. / Martin Colognoli

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