Des millions d’Ukrainiens ont fui les bombardements et trouvent refuge dans les pays européens, notamment en France. Le Zéphyr s’est entretenu avec Florian Lecoultre, maire de Nouzonville, dans les Ardennes (Grand Est). Comment peut se mobiliser un maire d’une commune de 6000 habitants ?

Depuis le 24 février, l’armée russe bombarde l’Ukraine. Une guerre aux portes de l’Europe qui a détruit des milliers de bâtiments et d’infrastructures, pris au piège des millions de personnes dans leurs villes assiégées. Des civils ont été assassinés, des millions d’enfants, de femmes et d’hommes, totalement démunis, sans affaires ou presque, ont dû fuir les batailles pour sauver leur peau. Les images de terreur et de destruction, les témoignages de victimes laissent sans voix et expliquent largement l’émotion générale et l’élan de solidarité en France, dans les communes. Il y a plusieurs jours, à Nouzonville, dans les Ardennes, par exemple, la mairie a organisé, comme tant d’autres, une grande collecte pour les réfugiés ukrainiens.

Ceci est le 5e épisode de notre série sur le conflit en Ukraine.

« On a rassemblé une dizaine de sacs très remplis, témoigne Florian Lecoultre, le premier édile joint par Le Zéphyr, le 22 septembre. Beaucoup de personnes se sont déplacés à l’hôtel de ville ces derniers jours afin de déposer leurs dons. » Autant de vêtements, de produits d’hygiène, tels que du gel douche, et de premiers secours, comme des pansements ou encore de l’alcool médical, que la mairie s’apprête à envoyer, grâce à l’aide d’Ardenne métropole, une communauté d’agglomération de la région Grand Est, à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine. Le maire de Nouzonville se félicite que l’acheminement puisse s’effectuer « de manière fluide ». Aux associations, à l’instar de la Croix rouge, de distribuer, ensuite, tous ces biens aux personnes dans le besoin.

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Au-delà de l’émotion, logique, suscitée par l’invasion de Poutine, en tant que premier magistrat de la commune, Florian Lecoultre, élu une première fois en 2014, s’est demandé juste après le début de l’opération militaire, le 24 février dernier, comment Nouzonville pouvait aider. « Très vite, j’ai expliqué que nous pouvions naturellement accueillir des familles », rappelle l’élu, soutien de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.

« Ce besoin élémentaire d’humanité »

Il y a urgence. Depuis le début de la guerre en Ukraine, des millions d’Ukrainiens ont été contraints de se déplacer pour fuir les bombardements. Le 21 mars, l’ONU a d’ores et déjà comptabilisé plus de 3,5 millions de personnes ayant franchi la frontière de leur pays, dont plus de la moitié pour se poser en Pologne. La France se tient prête à accueillir jusqu’à 100 000 personnes, comme l’a expliqué le Premier ministre Jean Castex, peu après notre échange avec Florian Lecoultre.

Lors de notre coup de fil, le maire n’avait pas encore accueilli d’Ukrainiens, mais il se tient prêt, au cas où, évidemment. « On ne sait pas encore si certains vont venir et surtout quand », précise-t-il, avant de mentionner la crise migratoire de 2015, dont il se souvient bien. Celle-ci l’avait marqué profondément, un an après le début de son premier mandat. Nouzonville, située à l’Est de la France, avait alors accueilli des familles syriennes, afghanes, yézidis dont beaucoup était passés par l’Allemagne. « Sept ans plus tard, il reste encore une famille qui a choisi de s’installer dans la commune. Les autres ont préféré partir vers d’autres cités, Metz ou Paris. C’est bien normal de vouloir refaire sa vie là où il y a le plus de possibilité d’emplois. »

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Mais, pour lui, peu importe : « Je veux juste répondre à ce besoin élémentaire d’humanité. » Et si des Ukrainiens frappent à sa porte, il fera en sorte qu’ils aient un logement digne de ce nom. Et que les enfants puissent avoir une place à l’école afin que l’on arrive à « les sociabiliser« . D’autant plus que, tout ça, affirme-t-il, « on sait faire »./ Philippe Lesaffre

Ceci est le 5e épisode de notre série sur le conflit en Ukraine.