La France retrouve sur son chemin l’Islande en quart de finale de l’Euro 2016. Une équipe qu’elle a souvent affrontée en phase de qualification du tournoi européen. Quand les matchs se sont déroulés à Reykjavík, cela n’a jamais été une partie de plaisir. Trois nuls, deux victoires.

C’est presque une habitude. Dans l’enceinte Laugardalsvöllur, les Bleus ne brillent pas. Ils essayent tant bien que mal de construire le jeu, puis de tirer au but, mais rien n’y fait, le ballon ne franchit pas souvent le rideau blanc bien regroupé de Reykjavík, la capitale islandaise. À deux reprises, en 1975 et en 1986, l’équipe de France de football a quitté la petite île bredouille, sur un score nul et vierge, lors des qualifications de l’Euro 76 et 88. Un résultat bien terne pour Marius Trésor et Jean-Michel Larqué, entraînés par Stefan Kovacs, ainsi que pour Luis Fernandez et Jean Tigana, les protégés de Michel Hidalgo, pourtant auteurs d’un mondial mexicain réussi (3e).

les couvertures du Zéphyr

Deux générations de joueurs qui rencontrent la même difficulté face à onze « défenseurs » sur-motivés, pour la plupart amateurs, et originaires d’un pays aux 12 000 licenciés (en 1975). Les premiers se font remonter les bretelles par Gérard Albouy du Monde, qui écrit dans son journal:

« Tout au long de la première mi-temps, où ils bénéficiaient de l’avantage du vent, les joueurs français confondirent vitesse et précipitation, opportunisme et tirs de loin trop systématiques, qui mettaient prématurément un terme à quelques attaques à peine ébauchées. La maladresse de certains joueurs comme Gallice, idéalement placé, mais qui tira sur le gardien dès la cinquième minute, l’imprécision de fous, facilitèrent alors la tâche des Islandais. » Et le journaliste de conclure que les Bleus, qui ont perdu juste avant contre les Portugais 2 à 0 en match amical, paraissent « sans avenir ».

Douche froide

L’Equipe, le lendemain du premier 0-0, va jusqu’à titrer : « La fin des illusions« . En 1986, après la seconde rencontre nulle et vierge, le quotidien sportif évoque une « douche froide » en Une. Qui finira par porter malchance aux onze français puisqu’il regardera la compét’ à la maison – comme en 1975, d’ailleurs…

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Le Monde réitère ses critiques à l’encontre des coéquipiers de Michel Platini, absent à Reykjavík et futur entraîneur des Bleus : « À cours d’inspiration, ils n’ont eu aucune emprise sur le milieu de terrain, normalement leur point fort, et ils ont été dominés dans le jeu de tête et dans le domaine physique. Ces lacunes ont été particulièrement évidentes en première mi-temps. »

Vaillante équipe

En septembre 1998, sur « la terre de glace », les Bleus, tous frais champions du monde, marquent (merci Christophe Dugarry ! ), mais, comme c’est une… égalisation, ils ne rentrent à la maison qu’avec un petit point, bien triste. Youri Djorkaeff et les siens butent sur onze gardiens de l’antre de Reykjavík, tous bien organisés et solidaires.

Au final, les Bleus n’iront chercher la qualification pour l’Euro 2000 qu’au dernier match des poules, contre… la vaillante équipe islandaise, sur un but de Trezeguet au Stade de France (3-2). Comme quoi, quand les Bleus luttent contre des Islandais héroïques en matchs de qualif’, ils en ont, du mal, pour s’en sortir et débuter le championnat d’Europe sur la pelouse !

Le bilan est, donc, somme toute assez décevant, puisque la France ne s’en sort bien dans l’antre islandais qu’en… 1957 (1-5), date de leur première confrontation à Reykjavík, ainsi qu’en 1990 (1-2). Mais la France peut se rassurer, elle n’est pas la seule équipe à avoir raté sa sortie : en 1986, les Blancs nordistes arrachent le nul contre l’URSS, le futur finaliste de l’Euro 1988, avant d’éliminer, il y a peu, les Pays-Bas, absents de l’Euro 2016.

La VHS pique un peu les yeux, mais les buts sont là…

 

A partir de 1958, les Bleus ont pu mettre les pieds dans un stade atypique : le Laugardalsvöllur. Située au coeur même de la capitale islandaise, cette antre accueille tous les matchs de l’équipe nationale. Et vous qui découvrez probablement l’ambiance chaleureuse, voire bouillonnante, du public nordique, au Laugardalsvöllur, ce déferlement de décibels est une vieille tradition.

Provoquer les Vikings

En 2004, par exemple, les joueurs emmenés par Eidur Gudjohnsen ont officié devant plus de 20 000 personnes et l’ont emporté 2-0 face à des Italiens littéralement saisis par l’ambiance. Près de 10% de la population nationale, rassemblée dans un stade… pouvant contenir seulement 15 000 personnes !

Le Laugardalsvöllur est un terrain ouvert aux quatre vents. Malgré cela, les supporters donnent de la voix. Et comme si la pression populaire n’était pas suffisante, les adversaires des Islandais doivent également affronter un autre adversaire en pénétrant sur cette pelouse : le climat. Jouer un match amical au mois de mai n’a rien de réellement problématique. Mais provoquer les Vikings à domicile, au beau milieu du mois de novembre… l’affaire est tout autre. / Jérémy « Christiannsson » Felkowski & Philippe « Fránóisson » Lesaffre