Ville d’ombres et de lumière, Naples semble avoir vécu des siècles dans l’espoir de voir un roi s’asseoir sur le trône des simples gens. Maradona, le fils de rien élevé au rang d’idole, est devenu l’enfant, le frère et le père d’une multitude d’anonymes. Des anonymes qui depuis le 25 novembre 2020, pleurent l’ancien numéro 10 de leur club de cœur et de la sélection argentine
Ce récit est extrait du Zéphyr n°8 (Hiver 2021), En route ! Les voyages qui nous transforment, loin des sentiers battus. Découvrez son sommaire, passez commande.
À Naples, la mort est présente partout. Sur les façades des vieux palais décolorées par le temps, dans les peintures macabres des églises baroques, dans les ossuaires enterrés dans le sous-sol humide et profond de la ville, dans les masques tragiques des marionnettes représentant Polichinelle aux coins des rues. Naples est une ville grecque où les morts se mélangent avec les vivants.
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Même les dieux sublimes de la citadelle morphique reposent à côté des fosses communes de la grande peste du XVIIe siècle. Hommes, bêtes, dieux et fantômes vivent côte-à-côte dans les limbes d’une ville qui s’élève aux confins des Enfers et du Monde souterrain (le portail d’entrée, admoneste le poète Virgile, n’est pas loin de Naples, sur le brumeux lac d’Averno).
Maradona, à Naples, la ville la plus pauvre
En 1984, le plus grand footballeur de l’histoire arrive dans cette ville aux multiples strates : Diego Armando Maradona. À cette époque, les médias du monde entier s’intéressent à ce joueur exceptionnel qui fuit Barcelone et atterrit dans la ville de tous les excès, considérée comme la plus pauvre d’Italie et d’Europe.
L’écrivain Tahar Ben Jelloun l’aurait mieux dit : Naples, c’est la ville la plus riche du tiers-monde. Car elle conserve toute sa splendeur de capitale du royaume des Deux-Siciles (ayant existé entre 1816 et 1861, ndlr), les riches palais, les galeries vitrées, les cloîtres et les jardins luxuriants cachés dans le dédale de vicoli du centre-ville, les théâtres et les églises majestueuses, les remparts grecs et romains, témoignages de son illustre passé. / Marco Cesario
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