Chronique / L’expert arboricole David Happe vient de publier l’ouvrage « Chercheurs d’arbres » (Le mot et le reste, avril 2023). Un récit pour rendre hommage à ces personnes qui n’ont jamais cessé de défendre des monuments végétaux, de protéger des arbres mémorables sur la planète. Des arbres fragiles et parfois en danger.
David Happe tire la sonnette d’alarme. Dans le monde, les essences disparaissent sans bruit, et les forêts françaises, selon lui, n’ont jamais été aussi peu résilientes. Ce qui inquiète fortement l’expert arboricole indépendant, forestier de formation et ancien technicien puis ingénieur dans plusieurs structures publiques… Au Zéphyr, il avait donné en 2022 son avis sur l’état des forêts, lui qui s’est spécialisé dans le diagnostic phytosanitaire des arbres. « Le bilan en ce qui concerne la flore est tout aussi dramatique que la faune. Les végétaux sont en danger, indiquait-il dans nos colonnes, en prenant l’exemple des mousses. « On n’y pense pas souvent, pourtant il y en a entre 1 200 et 1 300 espèces en France, et, en Auvergne, par exemple, une sur deux est menacée. »
Et de poursuivre dans cet opus dédié à la forêt (et toujours disponible) : « Les arbres sont un superbe groupe d’espèces pour évoquer tous les maux de la planète et les causes de régressions. Pour moi, la déforestation et la surexploitation, deux phénomènes différents, demeurent les causes majeures de la régression de la biodiversité liée aux arbres. »
Recenser des spécimens remarquables
Heureusement, des femmes et des hommes, dans le monde s’en inquiètent, se mobilisent, se lèvent pour les arbres. Des personnes qui en prennent soin, notamment les plus fragiles, souvent en raison de leur âge. On trouve, sur Terre, des feuillus et des conifères centenaires, parfois millénaires… « En Europe, écrit David Happe dans son dernier ouvrage, Chercheurs d’arbres (paru chez Le mot et le reste, en avril 2023) , le plus vieil arbre d’Europe scientifiquement daté serait un pin italien (Pinus heldreichii) de 1 250 ans… »
L’intention de l’auteur : raconter l’histoire de passionnés qui aiment partir sur les traces des spécimens les plus incroyables, les plus mémorables sur le globe, parfois des géants, parfois des immortels. Presque des monuments qu’il faut défendre, vaille que vaille. Il y urgence, il faut les retrouver, les repérer, les découvrir, les contempler, les aimer, les protéger. Avant qu’il ne soit trop tard, avant que des projets de construction, par exemple, ne leur coûte leur vie.
Des gardiens du vivant
On découvre le parcours par exemple d’un quercophile (qui aime les chênes, voyons). Il s’agit de l’Allemand Rainer Lippert, issu de Basse-Franconie, en Bavière. Lui recense les chênes de son pays. Les plus remarquables, il relève leurs mensurations, identifie leur âge. Et lui comme d’autres participent au référencement des monuments végétaux (via la plateforme Monumental Trees, en particulier).
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On part aussi à la rencontre de David Benscoster, à l’origine du Lost Apple Project, un collectif nord-américain visant à se mobiliser pour remettre au goût du jour des variétés de pommes en péril ou disparues. La « pomologie » a de l’avenir, en France aussi. David Happe mentionne dans son récit l’initiative de Jean-Louis Choisel, fondateur des Croqueurs de pommes. Une association dont l’objectif est également de recenser les variétés zappées et de préserver les vergers sur notre territoire…
Chercheurs d’arbres se découpe en deux temps, David Happe compte en outre rendre hommage à celles et ceux qui l’ont précédé, des pionniers, des dendrologues avant l’heure, des personnes qui ont dédié leur vie (ou une partie de la leur) à l’étude des arbres, des arbustes. Autant de gardiens et de gardiennes du vivant à ne pas oublier… / Philippe Lesaffre