Fiction – Le mois de décembre 2050 devrait être placé sous le signe du souvenir. Les studios Spotify rendront en effet un hommage appuyé à Warren Butler, un retraité de 83 ans originaire de Manchester et passionné de rock. Alors que les derniers représentants de ce mouvement ont tous tiré leur révérence, Warren continue de vouer un culte sans limite à ses idoles de toujours.
Initialement publié le 20/2/2020
Quelques jours avant l’événement, la rédaction du Zéphyr est allée rendre une visite imaginaire, et néanmoins respectueuse, au dernier rockeur de notre temps.
Après une petite dizaine de minutes passées dans les cabines feutrées de l’hyperloop Picadilly – Old Trafford, j’arrive au cœur de la vieille cité ouvrière de Manchester… ou, du moins, ce qu’il en reste. Après la plongée vertigineuse de l’économie britannique post-Brexit, la sécession de l’Écosse et de l’Ulster, le pays s’est miraculeusement relevé grâce aux gisements d’hydrocarbures et de gaz de schiste dont l’exploitation a été lancée dès 2022. Face aux critiques de l’Union européenne, le Premier ministre de l’époque avait prononcé cette phrase restée dans les annales : « La couronne a davantage besoin de livres sterling que d’ours polaires.«
Trop tard pour empêcher les manifestations, les émeutes, les pillages et la répression sanglante. Après le retour au calme, Manchester, comme toutes les grandes villes industrielles, avait fait sa mue. Les hautes maisons de briques rouges comme le maillot des diables avaient laissé place à des bâtiments tout de verre vêtus et de boutiques aux enseignes lumineuses. Seules les pubs constituent une trace palpable de ce que fut la cité du nord de l’Angleterre. C’est au dessus de l’un de ces commerces que m’attend Warren.
À 83 ans, cet ancien conducteur de bus de la « Greater » hante un petit appartement un peu crade. Un petit mètre soixante-dix, l’œil noir et la barbe de trois jours, il m’accueille dans un salon plongé dans la pénombre. Dans quelques jours, les puissants Studios Spotify lui rendront un hommage tout à fait particulier. Warren n’est ni un chanteur ni un musicien de génie, mais un simple passionné. Le dernier de son espèce pour être précis.
Une vie d’engagement
Il a traversé les huit dernières décennies au rythme des concerts, des sorties d’albums, des bastons et des amitiés. « 83 ans de head bangs, de pogos et de riffs… De quoi te filer des lésions cérébrales ou un Alzheimer foudroyant. Mais je suis toujours debout, dit-il en me montrant une photo de lui manifestement prise dans les années 1980. Oui, j’étais un putain de punk à crête dans ma jeunesse. On se rassemblait à Londres entre potes. On ne jurait que par les Sex Pistols, Trust et les Ramones. Depuis, je me suis un peu diversifié. Et puis la calvitie a fait le reste », sourit-il en soulevant sa casquette.
Déjà titulaire d’une playlist dont il est désormais le seul auditeur, le vieil homme sera bientôt invité par la firme pour, dit-elle, « saluer une vie d’engagement au service d’un pan de notre patrimoine historique ». Ce qui le fait bondir à tous les coups. « Le rock, c’est pas un morceau de Mozart. C’est vivant. C’est physique. C’est politique. Quand on écoute les Pistols, on ne fait pas un tour au musée. On le brûle. »
Lire aussi : Nick, mémoire de disquaire londonnien
Difficile de transmettre sa passion
Dans son salon, une vieille platine vinyle trône sur un meuble en acajou. Dans le capharnaüm ambiant, l’antique bécane émerge au milieu des coupures de journaux, des cannettes écrasées et des mégots. Bien qu’ancienne, elle paraît neuve tant son propriétaire en prend soin. Pas un grain de poussière, pas un bouton défectueux.
Warren la bichonne, car il pense que c’est l’un des derniers vestiges de l’époque : « Des platines comme ça, t’en trouveras plus jamais. Elle te donne un son pur, chaud, originel. Les craquements et les chuchotis quand le diamant atterrit… Rien à voir avec les formats froids et compressés qu’on trouve sur le web ». Et c’est vrai. Dès les premières vocalises de Bohemian Rhapsody, l’oreille du profane se demande s’il s’agit du monde réel ou d’un songe. En grand fan de Mercury, le retraité s’amuse à pousser les enceintes à fond quand arrivent les couplets magiques de ce monument de plus de six minutes. « Et, en plus, ça fait chier les voisins », précise-t-il, hilare. Lui qui a assisté au mythique concert de 1986, organisé dans l’ancien stade de Wembley à Londres, ne manque jamais une occasion d’écouter Freddy et ses acolytes.
« C’était un truc de malade. On était là, massés par milliers dans cette boite à ciel ouvert. Freddy était en face de nous, à se déhancher dans son marcel blanc et à pousser des vocalises comme s’il était dieu le père. Je suis arrivé au stade à moitié bourré, comme souvent lors d’un concert. Mais, dès les premières notes de la toute première chanson, j’ai dégrisé en deux secondes. Je ne me l’explique pas. C’était comme un électrochoc », affirme-t-il en battant la mesure. Pour lui, Queen incarne une part de l’esprit du rock, celui de la désinvolture, de l’imagination, du panache et de la fête, quand d’autres, comme AC/DC ou Black Sabbath expriment quelque chose de plus noir, de plus organique.
Libre arbitre… ou pas
Warren est intarissable et débite les anecdotes à un rythme effréné. Comme cette époque bénie ou Vulcain enchaînait les petites scènes en région parisienne et que le fan les suivait jusque chez les Froggies. « À l’époque, on aurait parié notre paie de la semaine, pour ceux qui en avaient, pour leur prédire un avenir digne de Trust », se souvient-il. Naître en 1967, grandir et de construire en écoutant les Who, Bob Dylan, les Rolling Stones, Deep Purple, Dire Straits… et se rendre compte, en 2050, que ces noms n’évoquent plus rien dans l’inconscient collectif. Warren est le dernier rockeur.
Cette sensation le hante tous les jours. Qui aurait pu imaginer, le jour de la sortie de Dark side of the moon, que le siècle suivant enfanterait des esprits assez ignorants pour oublier Pink Floyd. « J’ai parfois l’impression d’être un foutu figurant de La Planète des singes et de m’être réveillé dans un monde totalement barré, sans repère, sans mémoire, sans rien du tout », dit-il en secouant la fameuse pochette noire.
Autour du petit appart, tout est froid, impersonnel. Des murs blancs succèdent à d’autres murs gris dans une interminable cohorte de façades mornes. Penché à la fenêtre, Warren paraît tendu, en colère. Il aurait sans doute aimé transmettre l’émotion et la puissance de sa musique à ses proches. Ses enfants se sont tournés vers d’autres styles et n’ont jamais vraiment prêté attention à « ses disques de vieux ». Robert (Robert Plant, ndlr), son aîné, a mené une belle carrière de courtier en assurance à Londres. Madelyn, la cadette, s’est tournée vers le marché des hydrocarbures et les négociations économiques.
Lire aussi : Stéphane Corbin, le livre de ma mère
Musique subversive
Tous deux écoutent en boucle des listes toute faites préparé par leur service de streaming préféré selon les infos récoltées sur le web. Qu’ils aiment les pâtes à la carbonara, les paysages d’Alaska ou le poker… et la grande machine leur injecte des contenus préparés sur mesure. Ce fameux sur-mesure qui annihile toute surprise, toute imagination, toute folie… et toute possibilité d’entendre du rock.
Après les événements des années 2020, les nouvelles autorités l’ont chargé de tous les vices et de tous les maux. Le rock était une musique subversive, malhonnête, dangereuse pour les jeunes générations. Une première depuis les années 1960. Une loi signée en catimini et un accord avec les grandes firmes ont finalement creusé la tombe du rock. Il serait désormais écarté par les algorithmes des sélections présentées au public.
Ne ratez rien de l'actualité du Zéphyr
Un dernier espoir
Les enfants de Warren courent, vivent, travaillent. Tous deux ont oublié de prendre le temps d’écouter de la musique. De la chercher. La question de la transmission est très importante pour Warren. C’est sans doute son plus grand regret… avec le fait d’avoir raté le dernier concert de Carlos Santana avant sa mort.
En 2032, alors que la cinquantaine est censée mâtiner d’indulgence tous les projets inachevés, il se lance dans une idée un peu folle. Plus aucune boutique ne propose de disques – pardon, « de vrais disques », me reprend-il. L’heure est au streaming et aux contenus téléchargeables. Qu’à cela ne tienne. Il ouvre une petite échoppe au cœur de Manchester. Rock the Casbah connaît un succès local, mais les gens y viennent comme chez un antiquaire. On y découvre les vieilleries du passé, on sourit en voyant le style désormais improbable de Jerry and the pacemakers sans se douter que ces fossiles ont inspiré l’un des chants de supporters le plus puissant du monde. On se balade, on farfouille et on repose les quelques galettes piochées au hasard. En 2035, un drame a frappé le Royaume.
Lire aussi : Rosalía, la nouvelle couleur du flamenco
Don’t look back in anger !
De nouveau associés pour la reformation d’Oasis, les frères Gallagher ont trouvé la mort dans l’incendie du studio qu’ils venaient de faire construire. Un bel édifice de briques et de bois à deux pas du lieu où se trouvait jadis l’ancien stade de City, Maine Road. Dans les premières heures, la police a évoqué un problème électrique, mais l’important n’était pas là. Quand la nouvelle s’est répandue sur Snap TV, des milliers de jeunes ont afflué vers le lieu du sinistre pour déposer des fleurs, des photos, des disques même.
On a entendu résonner quelques couplets de Don’t look back in anger dans la foule. « J’ai cru que les gens s’étaient réveillés, qu’ils se souvenaient enfin de ce qu’était le rock et de ce qu’il apportait au monde. Mais je me suis trompé. » Deux ans après l’accident, une statue de Liam et de Noel était érigée sur les lieux, tandis que la boutique de Warren fermait définitivement.
Musique sacrée
Pour Warren, le rock est une musique singulière. Elle véhicule un esprit, l’âme d’une époque, des contestations et des amours. La chute du mur de Berlin est indissociable de Pink Floyd et de Scorpions. La Seconde Guerre mondiale est automatiquement reliée à l’évocation de Dire Straits dans Brothers in arms. Le rock est une culture à part entière, une capsule temporelle. Il y a une profondeur, une matière poisseuse, une âme derrière les maquillages de Gene Simmons, le bassiste de Kiss.
Il y a tout une histoire sensible entre les strophes de l’éternel Father and son de Cat Stevens. Les rockeurs ont exprimé la fougue, la passion et la rage de peuples entiers. Et c’est sans doute là que le bât blesse. Si l’heure était venue de stériliser les esprits ? S’il fallait, finalement, vivre un Fahrenheit 451 de la musique et brûler systématiquement tout écho de guitare électrique ?
« Au départ, on se fait une raison. On se dit que certains groupes sont has been. Mais, là, c’est une extinction de masse. » L’alcool et la poudre ont rendu Warren un brin parano. Mais est-il totalement dans l’erreur ? Par prudence, il a mis à l’abri certains de ses disques les plus précieux dans une planque dont il garde jalousement le secret : « Parmi mes pépites, il y a quelques raretés comme un original de London Calling, Nevermind en vinyle, In Rock avec son inoubliable Child in Time. J’ai même A night at the opera dédicacé par Freddie Mercury et Brian May », énonce-t-il avec fierté.
Un dernier riff avant le grand plongeon
Dehors, la nuit vient de tomber et les rayons blafards du soleil de novembre ont cédé du terrain aux leds et aux écrans publicitaires dont les lueurs se reflètent au plafond de l’appartement de Warren. Sirotant un vieux bourbon dans une tasse à thé, il s’arrête un instant, comme absorbé par ses pensées. L’espace d’une minute, il se fige et rejoint dans l’immobilité les héros qui parsèment ses murs défraîchis. Avachi dans son fauteuil de velours gris, il réfléchit au disque qu’il pourrait passer pour réchauffer l’ambiance. The Joshua Tree devrait faire l’affaire. Sorti par U2 en 1987, l’album de onze titres a marqué son époque et la carrière des Irlandais.
Et même le vieux British « pas très fan des Irlandais qui ont vendu leur cul au dieu du fric et de la pop », ne peut s’empêcher de monter le volume de la platine aux premières notes de With or without you. « Ça, mon vieux… Ça, c’était un groupe. A l’époque où Bono n’était pas une diva de merde préoccupée par le Top 50, il avait encore le courage de gueuler à propos du Bloody Sunday ou des massacres du monde entier. Et il a glissé, comme d’autres », dit-il dans une grande inspiration.
Tournant son bourbon dans la tasse comme s’il s’agissait d’un verre à liqueur, il semble absorbé en se demandant ce qu’il restera « de tout ça » après le passage de la grande faucheuse. Blue Oyster Cult conseillait de ne pas en avoir peur, mais à l’approche de sa carcasse maigrelette, on sent tout de même son souffle glacé courir sur notre nuque. C’est inévitable. Naturel. « Janis est morte à 27 piges, comme Kurt et quelques autres. Moi, j’ai fait un peu de rab et je sais qu’elle va me mettre le grappin dessus un de ces jours », bredouille-t-il en levant bien haut un majeur cerclé d’une lourde bague d’acier.
Un coup d’éclat pour marquer l’histoire
Pour l’heure, Warren se demande s’il va faire une apparition à la petite sauterie des studios Spotify. Depuis son entrée en bourse et, surtout, son rachat par Disney en 2027, la boîte suédoise est devenue un monstre alliant streaming et production. Une sorte d’anneau de Sauron, en plus puissant et en plus méchant, dans la mesure où elle constitue désormais la plaque tournante de toutes les productions musicales du géant américain. Pas franchement emballé par les mondanités, Warren aimerait mettre un peu d’ambiance et bousculer quelques cols blancs au passage. Il s’est promis de ressortir son vieux cuir à chaînes du placard et de remettre la main sur son tee-shirt des Ramones.
« Il doit encore puer un peu la bière et la gerbe, mais il est authentique. Et je crois me souvenir qu’il ne laissait pas ces dames tout à fait indifférentes à l’époque », dit-il dans un clin d’œil. De toute manière, l’événement a été annoncé partout. On dit même que le prince George pourrait faire une apparition pour marquer le coup. Survolant les titres d’une jaquette posée sur la table, Warren lève les yeux un instant et dit subitement : « Si Georgie vient déguisé en rockeur, je crois que je vais lui en coller une. »
« On se souviendrait de moi »
Bien évidemment, personne ne sera là pour le rock. Les convives, tous triés sur le volet, seront occupés à se regarder dans le blanc de l’œil avec une expression béate tout droit sortie du clip Black hole sun des Sound Garden. Il sera, qu’il le veuille ou non, épié comme une bizarrerie, comme le représentant d’une génération disparue ; une génération plus engagée, plus virulente, plus romantique aussi. Une génération qui s’imposait un style de vie atypique quand les temps actuels imposent de force l’uniformité. « Et si je tentais un coup d’éclat ? Et si j’allais rouler une galoche au prince héritier ? Hein ? Ça serait magnifique, non ? On se souviendrait de moi. Ça resterait dans les livres d’histoire comme le baiser d’adieu d’un rockeur… »
Malgré son rire sonore, le petit vieux ne peut masquer son émotion. L’armoire qui nous fait face est constellée de coups de couteau. Certains décrivent le A de l’anarchie, d’autres les initiales de quelques guitar heroes… Celles de Kirk Hammett sont plus profondes que les autres, comme pour signifier la place que le guitariste de Metallica occupe dans sa mémoire.
Là où tout a basculé
Avant de le laisser, une question me brûle les lèvres. Qu’est-ce qui a bien pu causer la perte d’une musique que l’on pensait égaler les grands classiques il y a encore si peu de temps ? Si le pouvoir conservateur a profité des émeutes des années 20 pour attaquer le rock, Warren charge également l’industrialisation à outrance et le gommage des aspérités. Aujourd’hui, l’ensemble de l’offre musicale est promue et générée par une intelligence artificielle réagissant au nombre d’écoutes, d’achats en ligne, de recherches sur Google et de téléchargements.
Difficile, dès lors, de mettre en avant des groupes mineurs et des styles moins populaires. Année après année, le périmètre d’expression foutraque du rock s’est réduit comme peau de chagrin. On a commencé par interdire la vente d’alcool près des stades et des salles de concert. Puis, ce sont les pogos qui y sont passés. Il aura suffi de quelques lignes de code HTML et de faits divers pour qu’un gouvernement plus conservateur que le précédent jette tout un pan de la culture british.
Riders on the storm
« A mes yeux comme à ceux de beaucoup de mes potes, le rock c’est aussi la fête, la bière, le défoulement et la défonce. Dans une société qui se bouffe de l’intérieur, le chemin proposé par le rock a été de plus en plus étroit », se souvient le vieil homme. Relevant ses manches pour découvrir ses avant-bras, il exhibe deux tatouages dont les nuances et les courbes trahissent leur caractère artisanal : « C’est un souvenir de Wembley, justement. Un pote me l’a fait dans les chiottes entre deux morceaux. Un as de l’aiguille, ce Bobby. Et cette bouche à moitié déformée, c’est une tentative pour reproduire le symbole des Stones. Une erreur commise en 1983 », sourit-il.
Fouillant dans une pile de vieux disques, il sort un vinyle et me dit : « Regarde, petit. Ça, c’est L.A. Woman des Doors. La dixième et dernière piste s’appelle Riders on the storm. C’est un monument indémodable, indescriptible de recherche musicale. Tout, dans cette chanson, pue l’expérimentation, la recherche, la remise en cause de ce qu’on pensait savoir du rock. » Jim Morrisson était un bourreau de travail. Comme les Stones, lorsqu’ils se sont enfermés six mois dans une villa du sud de la France pour tailler un album entier, les Doors ont composé fiévreusement un authentique bijou dont le joyau central est une évocation de la vie, de la mort et de l’esprit du rock.
Lire aussi : Freddie Mercury : l’enfance d’un Parsi, bohémien d’Orient
Serrer la main du prince
Reprenant son inspection penché au dessus de sa pile, Warren sort un CD poussiéreux et dit : « Ça, tu vois, c’est Limp Bizkit. Une bande de petits malins tout droit sortis de chez Universal vers l’an 2000. Leur titre phare – My Generation – est plat, sans saveur, nul à chier. C’est une insulte à l’homonyme signé par les Who en 1965. » Dans son regard, on peut lire le découragement et la colère, mais également « la fierté de ne pas être tombé là-dedans ».
Warren ira sans doute faire un saut à cette soirée, histoire de serrer la main du prince (et peut-être plus), de descendre quelques coupes de champagne et de revoir une fois encore les portraits de ceux qu’il aime tant. Jim, Mick, Freddie, Bob, Mark, Carlos, Janis, Eddie, Chuck, David et tous ceux qui, sans le savoir, ont formé l’arbre généalogique d’une génération perdue. / Jérémy Felkowski